De Christelle Augris
Il y a une vingtaine d’années, nous avions entrepris de nombreuses et longues recherches pour une monographie concernant une commune du nord des Deux-Sèvres[1]. Plusieurs conférences issues de ces recherches avaient été données dont une dans le cadre de la « Journée Historique de Legé » de 2001 sur le thème le Concordat de 1801[2]. Cette conférence s’intitulait « les conséquences du Concordat dans une petite commune du bocage des Deux-Sèvres, en territoire historique de la Vendée Militaire : Beaulieu-sous-Bressuire ». Un résumé non détaillé de cette conférence était présenté sur notre site « des Écrits et de l’Histoire ». Cet article est donc une synthèse de ces travaux enrichie par de nouvelles lectures, recherches… Toutefois, ce sujet se heurte à la difficulté d’accès des sources et du fait que les premiers à avoir témoigné ou étudié La Petite Église étaient des prêtres catholiques qui, soit voulaient la combattre soit avait un regard fortement biaisé (Abbés Pacreau, Drochon, Billaud).
Les raisons du schisme :
Un des buts de Napoléon en instaurant le Concordat, était d'apporter la paix religieuse en France. En effet, la Révolution en tentant d'instaurer un culte constitutionnel n'avait réussi qu'à diviser la population autour de différents cultes : constitutionnel, réfractaire et même républicain… Napoléon espérait également apporter avec cette paix religieuse un terme à la guerre civile qui divisait le pays depuis 1793, en particulier en Vendée militaire.
Mais avec le Concordat, l'échec de Napoléon fut double. Non seulement il ne régla pas le problème Vendéen (celui-ci ne se limitant pas à l'aspect religieux), mais il ne parvint pas non plus à unifier les croyants. Pire, le Concordat marqua même le début d'une nouvelle persécution religieuse en France.
En effet, s’il proclamait : « La religion catholique, apostolique et romaine, sera librement exercée en France » ; Les prêtres devaient pourtant faire serment de fidélité au gouvernement ; ce qui allait provoquer un véritable schisme religieux. D’autant plus que certains évêques Émigrés n’acceptaient pas la démission demandée par le pape Pie VII, et cela autant par acte politique qu’épiscopal, de non volonté de partager ou céder leur siège à des évêques constitutionnels[3]. Ainsi ils refusèrent de signer déclarant même que la « nouvelle église » née du Concordat était « vicieuse et schismatique».
Des évêques donc, dont ceux de Blois et de La Rochelle, des prêtres et une partie de la population refusèrent le Concordat et devinrent ainsi des « anticoncordataires » plus couramment appelés dans l'Ouest des « dissidents » ou membres de « La Petite Église ». Ces derniers considéraient que le schisme était le fait du Concordat, qui à leurs yeux créait une nouvelle religion catholique. Les dissidents ne souhaitaient en vérité rien d'autre que de continuer le culte d’avant, comme ils l'avaient toujours fait et comme leurs pères l'avaient pratiqué avant eux. Ils voulaient simplement vivre et mourir avec la religion sous laquelle ils avaient été baptisés. Autrement dit, les « fidèles » c'étaient eux, les concordataires (y compris le Pape) ayant rejeté la religion traditionnelle
Il y eut de nombreux foyers d’anticoncordataires en France : en Normandie, dans le Lyonnais[4], dans la région de Blois, en Bretagne et même, émigration oblige, en Belgique. Certains comme dans le Lyonnais avaient des imbrications avec le mouvement janséniste convulsionnaire. Mais un des noyaux les plus actifs fut probablement dans une partie de la Vendée Militaire, surtout dans la région de Bressuire,[5] au nord-ouest des Deux-Sèvres ; et plus particulièrement les cantons de Moncoutant, Cerizay, Bressuire et Mauléon (à l’époque Châtillon- sur-Sèvre)[6].
Pourquoi est-ce dans cette région que le culte a subsisté jusqu’à nos jours ? Question que s’était posée dans les années soixante l’abbé Billaud dans son immense travail (malheureusement biaisé) sur la Petite Église[7] :
La « Vendée militaire » : Choletais, Bressuirais, Bocage Vendéen, forme au début du Consulat, un bloc homogène (…) Vient le Concordat. Alors le bloc se dissocie ; d’abord de manière insensible, puis ouvertement. Dès 1803, le Choletais et le bocage Vendéen acceptent le nouvel ordre des choses ; le Bressuirais se cabre. Pourquoi ? »
Un certain concours de circonstances en est les causes :
Cette partie de la Vendée Militaire se situait dans le département des Deux-Sèvres créé de toutes pièces, et n’ayant aucune unité de pensée entre Niort la préfecture longtemps ville frontière entre l'Aunis-Saintonge et le Poitou et le Bressuirais situé entre gâtine et bocage. Les deux villes distantes de plus de 60 kilomètres ont laissé quelquefois le personnel de la préfecture ignorant sur l’état d’esprit de la population locale.
De plus, les paroisses de ce département qui avant la Révolution dépendaient de l'évêché de La Rochelle, appartenaient de 1791 à 1801 à l’éphémère diocèse des Deux-Sèvres ayant de 1790 à 1801 comme siège épiscopal Saint-Maixent-l’École, date de son rattachement au diocèse de Poitiers et avec un encore plus éphémère évêque constitutionnel Jean-Joseph Mestadier[8]. L’évêché de Poitiers fut inoccupé jusqu’en 1802, puis le décès soudain de son premier évêque (Mgr Bailly en 1804) entraîna une « vacance spirituelle »[9], ce qui ne fut pas le cas en Vendée notamment où la Petite Église disparut plus rapidement.
Autre élément, nombre de prêtres réfractaires de cette région qui étaient restés dans leur paroisse et s’étaient cachés pendant les troubles étaient très attachés aux Bourbons[10]. Certains avaient gardé des contacts avec Monseigneur de Coucy évêque de La Rochelle réfugié en Espagne, fervent opposant au Concordat et à Bonaparte[11].
Donc de nombreux prêtres réfractaires à la Constitution civile du Clergé, survivants des guerres de Vendée grâce entre autres à leurs ouailles qui les avaient cachés, devenaient anticoncordataires accompagnés par les paroissiens ou, comme on le verra plus tard, accompagnaient plus ou moins volontairement leurs ouailles. Ainsi de par leur expérience de prêtres assermentés, ils savaient vivre clandestinement. Par exemple, l’abbé Joubert de Boismé, prêtre insermenté survivant de la virée de Galerne devint dissident ainsi que la très grande majorité de ses paroissiens, sous le regard bienveillant de la Marquise de La Rochejaquelein.
Rappelons aussi que, durant les guerres de Vendée, les combattants de cette région étaient sous les ordres de Lescure et d’Henri de La Rochejaquelein puis de Bernard de Marigny. Cet ancien officier ayant survécu à la virée de Galerne continua le combat dans cette partie des Deux-Sèvres. Mais suite à de fortes mésententes avec Stofflet et Charrette et sous l’inspiration de l’abbé Bernier[12], il fut condamné à mort puis exécuté le 10 juillet 1794 au château de Combrand.[13] Ses hommes ne le pardonnèrent jamais. Sans qu’une causalité fût réellement trouvée, un très grand nombre d’entre eux furent des piliers de la Petite Église issue du Concordat dont l’abbé Bernier fut un des initiateurs.[14] Celui qui deviendra évêque d’Orléans ne sera appelé souvent dans la région que comme le « curé de Saint-Laud » en référence à sa première paroisse.[15] Parmi ces combattants citons les frères Joseph et Toussaint Texier bras droits de Marigny, membres appréciés de la Petite Église, dont leur cousin l’abbé Texier fut le pilier des prêtres dissidents.[16]
Les paroisses les plus dissidentes étaient de cette division qu’avait commandée Marigny comme Courlay, Cirières… notons que c’était une partie de l’Ouest encore partiellement soumise au gouvernement. En 1799, il y avait eu de nombreux combats notamment à Cirières[17] et la question de la conscription était toujours fortement problématique.
Les conséquences de ce schisme allaient être importantes pour la vie quotidienne des habitants de l'Ouest dont 20 000 environ dans les Deux Sèvres[18] furent anticoncordataires. De la Petite Église du Bressuirais, n’est souvent étudié que Courlay et la famille Texier ; pouvant laisser sous-entendre à certains qu’elle n’était que cela. Même si, de par l’importance de cette famille, de l’influence spirituelle de l’abbé Texier, de la survivance du culte jusqu’à nos jours à Courlay[19] ; la dissidence dès le départ exista aussi dans d’autres paroisses. Elle y a connu souvent un sort plus ou moins long et plus ou moins chaotique.[20]
L’abbé Le Mauviel et sa conscience
Penchons-nous donc sur le cas d’une de ces autres communes du nord des Deux-Sèvres, Beaulieu-sous-Bressuire. Située à cinq kilomètres de Bressuire, à laquelle elle est rattachée de nos jours, elle affichait 300 âmes en 1800 ; majoritairement des paysans, quelques artisans et quelques notables de campagne.
Ce petit bourg, comme la plupart de ceux de cette région, rejoignit le rang des armées Vendéennes en 1793 ; ce qui lui valut d'être incendié à deux reprises et de perdre environ un tiers de ses habitants durant la guerre civile.[21] Son prêtre réfractaire l’abbé Jottreau qui s’était caché au château de la Dubrie fut trouvé et exécuté sommairement[22]. Son remplaçant Gilles François Le Mauviel était en place à Beaulieu depuis au moins juillet 1795.
Né vers 1767 à Ger dans la Manche[23], Le Mauviel fut religieux aux Cordeliers de Clisson jusqu’en 1790[24]. Il survécut aux troubles de l’Ouest et lorsque la paix fut signée, accompagna les paroissiens de Beaulieu dans la reconstruction du bourg alors que lui-même prêchait dans une église en ruine. Il était une personnalité particulièrement appréciée des habitants de Beaulieu ; mais aussi des autorités. Son nom figurait ainsi en 1801 dans une liste de prêtres méritant la confiance du gouvernement.[25] Il était considéré comme brave homme, non fanatique. Mais le choix ou non du Concordat allait être chez lui un véritable problème moral.
Si le Concordat fut signé en 1801, les Deux-Sèvres mirent du temps à en organiser l'application. Et la prestation du serment à la République ne fut exigée que le 31 janvier 1804. L’évêque de Poitiers, dont dépend maintenant le bocage, durant ces jours cruciaux ne participa pas personnellement à la tentative de ralliement. Puis, après avoir fait le projet de s’y déplacer pour convaincre, il décéda subitement en avril sans avoir pu accomplir sa mission.[26] Cela renforça l’influence morale de leur ancien évêque de La Rochelle Mgr de Coucy actif anticoncordataire, alors exilé en Espagne. D’autant plus, rappelons-le que certains prêtres semblaient entretenir une correspondance avec lui.
Les habitants de la commune basculèrent massivement dans la Petite Église, ce qui poussa le sous-préfet à déclarer que « 100 % des habitants étaient réfractaires » sauf, semble-t-il, le maire Louis Arnault, ancien capitaine de la paroisse durant la guerre.[27] Ce qui faisait de Beaulieu avec Cerizay et Courlay une des trois communes à être totalement dissidente.[28]
À la veille de l’ultimatum, le 30 janvier donc, l'abbé Le Mauviel écrivit au sous-préfet de Thouars pour lui faire part de sa décision :
« Si l'on exige le serment au Concordat pour ce pays-ci, personne de nos campagnes n'aura plus confiance dans les prêtres qui le feront. Pour moi, je n’en ai jamais prêté, cela ne m'a pas empêché d'être honnête homme. Au reste on peut être honnête homme sans jurer, comme en jurant on peut être faussaire. En conséquence, pourquoi me forcer de faire ce qui répugne à ma conscience ? Si pour exercer le culte catholique, il faut prêter le serment, j'aime mieux cesser toute fonction. »[29]
Les deux premiers dimanches de février, aucune cloche ne sonna dans le Bressuirais, les prêtres qui avaient fermement refusé la prestation du serment se cachèrent, aidés par leurs paroissiens. Ce fut assez facile dans cette région bocagère avec ses hautes haies de genêts. Sans réaction des autorités, certains s’enhardirent à célébrer de nouveau dans leurs églises suivis de peu par les autres. Le général Dufresse[30] cantonné à Bressuire écrivit au préfet avec fanfaronnade : « presque tous les dissidents sont rentrés »[31]. Ce qui était faux.
Pendant ce temps, en avril le maire de Beaulieu, certainement par diplomatie, exprima le vœu de joindre la commune à 65 autres du département (dont beaucoup avaient souffert pendant les troubles) afin de faire frapper une médaille en l’honneur du Premier Consul et « en mémoire de ses innommables bienfaits ». Le procès-verbal que fit parvenir la municipalité indique :
« le préfet est invité à l' (le premier consul) assurer que les habitans de cette commune entourée de ruines qui attestent à quel point fut portée leur infortune, ont juré l’oubli des haines & l’anéantissement des discussions civiles, mais qu’ils n’attendent, pour oublier leurs peines, que la présence de l’homme immortel dont leur bonheur est l’ouvrage, & dont les regards consolateurs, en effaçant les traces de leurs malheurs, en éloignant pour jamais les souvenirs. »[32]
Sans évêque, pour ramener les prêtres égarés dans la dissidence et vu l’ampleur qu’elle prenait, le préfet Dupin[33] s’inquiétait. Le 11 prairial an 12 (31 mai 1804), il écrivit au ministre Portalis un rapport où il prônait la manière forte, mais non brutale (notamment il se posait la question du lieu d’incarcération des prêtres dissidents s’ils devaient être arrêtés vu leur grand âge pour la plupart) et préconisa la nomination rapide d’un évêque afin qu’il puisse rapidement ordonner des prêtres comme successeurs des dissidents et ainsi annihiler leur influence néfaste. Il ajouta :
« Les prêtres le plus dangereux sont cachés, les autres exercent le culte ; mais il serait, je crois très important d'ordonner contre les uns et les autres une mesure générale avant que leur supérieur ecclésiastique ne les ait pour la dernière fois constituée en état pour ainsi dire de rébellion contre l'église... » [34]
La prison fut donc envisagée pour les prêtres réfractaires... Et le préfet joignit à son propos la liste des cinquante-cinq prêtres dissidents du département. Dix-neuf y étaient qualifiés de « Dangereux et malveillants » ; parmi ceux-là, l'abbé Le Mauviel... les qualificatifs sont excessifs, certes il est vrai que Le Mauviel était à la tête de paroissiens dont la quasi-totalité était dissidente. Mais l'abbé en vérité était indécis. Il ne souhaitait pas aller à l'encontre de ses paroissiens, avec lesquels il avait souffert depuis dix ans. Mais il ne voulait pas non plus devenir un hors-la-loi. Il n'était pas le seul prêtre des environs à être dans cet état d'esprit. À tel point que plusieurs maires et adjoints des communes du Bressuirais dont le maire de Beaulieu Louis Arnault et son adjoint Gabriel Besson[35] signèrent en mars une lettre au préfet dans laquelle ils expliquaient :
« Qu'après ce qu'a vécu la région, le serment glace d’effroi plus des 3/4 des habitants, et le curé qui le prêtre a perdu la confiance (...) ne serait-il pas possible de demander humanité pour eux, ils ne s’intéressent pas du temporel, mais que du salut des âmes. » [36]
Un curé constitutionnel de Bressuire l'abbé Touzelin, écrivit à l'abbé Le Mauviel et en rendit compte au sous-préfet le 2 floréal an XII (22 avril 1804) :
«(...)malgré la difficulté de la mission dont l'a chargé monsieur le préfet, j'ai eu l'occasion d'écrire à Mr le curé de Beaulieu et de l'engager cordialement à ne point s’exposer, quoique caché, à des peines inévitables. Je lui ai fait passer une circulaire, mais il ne m'a pas répondu (...)» [37]
Ainsi dans un « état des prêtres du département des Deux-Sèvres et plus particulièrement de l’archiprêtre de Thouars qui ont prêté, différé ou refusé le serment prescrit par le Concordat » remis en messidor an XII (juin 1804 par le Préfet Dupin à Mgr de Barral évêque de Meaux alors en mission apostolique ; Le Mauviel en tant que desservant de Beaulieu était indiqué « soumis, mais vacillant. J’en avais reçu trois lettres évasives. À envoyé son serment à M Le Curé de Bressuire pour le faire passer au sous-préfet »[38]. Ce qui correspondait bien à son état d’esprit.
Les appels de l'abbé Touzelin furent maintes fois renouvelés et avaient ébranlé l’abbé Le Mauviel qui décida le 2 fructidor an XII (20 août 1804) de prêter serment à la République :[39]
« Je jure et promets à Dieu sur les Saintes Évangiles de garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République française. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans soit au dehors qui soit contraire à la tranquillité publique, et si dans ce diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'état, je le ferai savoir au Gouvernement.
Fait à Beaulieu, le deux fructidor an 12.
Le Mauviel prêtre dest de Beaulieu »
L’abbé Touzelin fit aussitôt part de cette réussite au sous-préfet de Thouars :
« (...) Après bien des demandes pénibles et infructueuses, ma dernière a enfin réussie je vous annonce avec joie que Mr Le Mauviel vient de m'envoyer par écrit son serment de fidélité, et je m'empresse de vous le faire passer vous priant très humblement de le recevoir. L’intention de Mr le Mauviel serait de rester à Beaulieu, ses paroissiens, en la grande majorité, le désirent, et que ce soit la volonté des supérieurs ecclésiastiques. Il est si craintif monsieur qu'il ne se permettra pas d'abandonner son lieu de retraite que lorsqu'il aura un écrit de sûreté, de votre part, je vous supplie donc, monsieur le sous-préfet, de me l'envoyer à moi même directement et je le lui ferai de suite (...) ».[40]
Le 28 août, Mgr de Barral, annonça la soumission de Le Mauviel, desservant de Beaulieu, et voici la réponse de Brunet [41] desservant anticoncordataire des Aubiers :
« S'il allait se rendre, ce serait un coup de parti, car le caractère moral de cet ecclésiastique est fort estimé dans son canton, et son exemple pourrait faire beaucoup de bien, soit auprès des prêtres, soit dans l’esprit des peuples. »[42]
Malgré ses demandes, Le Mauviel dut quitter Beaulieu. Il fut alors nommé à La Chapelle-Saint-Laurent, puis à Saint-Aubin-du-Plain.
Un prêtre concordataire fut envoyé pour le remplacer[43], mais ce dernier se heurta rapidement à la population et dut à son tour fuir Beaulieu sous les insultes, les menaces et au son des cloches de l'église en ruine qui fêtèrent son départ. Le sonneur de cloches était un certain Jean Gazeau.
Il est vrai que l’évêché de Poitiers étant constitué de la Vienne et des Deux-Sèvres, ces nouveaux desservants étaient souvent d’anciens prêtres assermentés venant de la Vienne et n’avaient aucune chance de trouver grâce aux yeux de cette population meurtrie.
Le préfet Dupin avait fort à faire en cette période, car en plus de la question religieuse, il devait juguler les insoumissions des jeunes du bocage bressuirais vis-à-vis-à de la conscription. Insoumis fortement représentés chez les dissidents. C’était à Courlay, foyer aussi de la dissidence qu’eurent lieu le plus de discordes. Le 27 janvier 1806, deux conscrits insoumis furent arrêtés à Courlay. Lors de l’échauffourée pour les libérer impliquant une quinzaine d’hommes, le combat entraîna la mort de trois gendarmes. Le préfet fit venir 400 hommes. De nombreuses arrestations eurent lieu dont une personne de Beaulieu Jean Gazeau, le sonneur de cloches.[44] Suite au jugement trois furent exécutés[45], et Gazeau pendant un temps interdit de séjour dans la commune. Le préfet Dupin pour lutter contre ces deux fléaux multiplia les arrestations, fit couper les haies du bocage[46], taxa fortement les communes dissidentes…
L’abbé Guerry
En 1805, la plupart des paroisses dissidentes ne se trouvaient pas sur la liste des succursales dotées d’un traitement, c’était donc aux paroissiens d’entretenir leurs desservants. Vu le peu de non-dissidents dans ces communes c’était une vie de misère qui leur était assurée. Ce fut une des raisons de vacance de nombreuses cures.
Beaulieu restera officiellement ainsi sans prêtre jusqu'en 1809 ; même s’il y est possible qu’un dénommé Domingo y officiât à un moment. Selon des archives de la Fabrique de Beaulieu de 1862 qui avaient récolté les souvenirs d'anciens de la commune : « de 1795 à 1809 il y eut à Beaulieu deux Curés, Mr Le Mauviel et Mr Domingo. Sur ce dernier, espagnol probablement, nous n'avons absolument aucun renseignement ». [47]
C'est pour l'instant la seule trace le concernant, était-il un officiant dissident exerçant quelque temps après le départ de Le Mauviel [48] ? En tout cas, officiellement 1809 est l’année où un nouveau prêtre « concordataire » vint tenter l'aventure, l'abbé Guerry.
Louis Esprit Guerry était né à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée) en 1756[49] ; ex-vicaire ordonné en 1778 à Saint-Christophe-d' Aunis, puis en 1783 à Saint-Hilaire de Mortagne, et en 1790 à La Forêt-sur-Sèvre.[50]
Il fut déporté le 16 septembre 1792 vers l'Espagne à bord du « Jeune-Aimé » pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé.[51] Ayant survécu, il desservait en 1801, Cerizay et ayant refusé le Concordat, recherché, traqué il devint un des prêtres dissidents les plus ardents et aurait eu les pouvoirs de Coucy.[52] Selon les documents officiels, il était « fanatique, imbécile et peureux » voire « ignorant et grossier » même si on lui reconnaissait un grand prestige auprès des paysans.[53] Mais le 1er mars 1808, à six heures du matin, la police encercla la maison de la veuve Chauveau, à La Ronde-Fougère de La Tardière (Vendée), où l'abbé Guerry était caché. Ce dernier fut alors capturé[54] et envoyé en prison à Niort. Le ministre Réal demanda le 5 avril qu’il soit emprisonné dans la forteresse de Ham. Mais entre-temps, le 30 mars il s’était soumis, et amnistié le 13 mai [55] il rentra dans la région en même temps que Anne de la Rochejaquelein, tante du combattant et dissidente ayant été exilée à Saintes.[56] Le préfet Dupin soupçonnant, certainement à juste raison, que Guerry était imparfaitement soumis ne savait où le nommer. Les habitants de Beaulieu le réclamèrent, mais le sous-préfet de Bressuire fit alors part habilement de son avis au préfet :
« Bressuire 19 avril 1808
Monsieur,
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire relativement au Sr Guery. Je n’ai entendu faire au caractère et la conduite de cet ecclésiastique aucun reproche particulier, qui ne puisse s’appliquer également bien à tout prêtres insoumis. J’observais seulement que Beaulieu est une paroisse du bocage ; et que l'on peut craindre d'y voir quelque dissidence. De plus, c'est une commune pauvre et petite, un curé serait une charge pesante pour les habitants. Peut-être vaudrait-il mieux placer le Sr Guerry dans une commune de la plaine ? La cure de Bagneux est vacante, elle serait peu avantageuse pour lui et je ne craindrais aucun des inconvéniants que j'ai, l'honneur de vous exposer. Quoique ces n’ayant rien de bien grave, il semble qu’il voudrait mieux les éviter…(...)
Barante (sous-préfet) »[57]
Il est vrai que dans un brouillon d’une lettre destinée au Ministre, Barante avait biffé un passage pourtant fort intéressant sur la situation :
« Cet ecclésiastique me parait très fatigué par la vie qu’il a menée depuis quatre ans il dit que lui, ainsi que ses confrères, auraient pris depuis longtemps un parti plus sage sans les sollicitations de quelques paysans dévots qui le gardent comme leur plus précieux bien et qui les pourvoyent de toute en abondance. » [58]
Le 30 avril 1808, l’abbé Guerry fut alors nommé à Bagneux ; et Beaulieu bénéficiait d’un « intérim » de Le Mauviel desservant de Saint-Aubin du Plain. Mais devant l'insistance des bellilocéens, dès 1809 Guerry rejoignit Beaulieu.
Comme nous avons déjà pu le voir dans certaines actions de paroissiens et le témoignage de prêtres. ; les paroisses les plus dissidentes l’étaient autant, voire plus, par leurs fidèles que par les prêtres. Certains desservants savaient que prêter le serment au Concordat, voulait dire moins de paroissiens au prochain office.[59]
Les paroissiens de Beaulieu semblaient avoir accueilli chaleureusement l’abbé Guerry ; d’autant plus qu'il était cousin de l'abbé Jottreau[60] leur ancien prêtre exécuté en 1793 (une de ses premières actions fut de faire exhumer l’abbé Jottreau de la cour du château de la Dubrie où il avait été enterré pour l'inhumer dans l'église[61].) Cet accueil semble une preuve qu’il était revenu au schisme.[62] Pour confirmation, au mois de novembre 1809, il était l'objet d'une nouvelle poursuite de la part de Dupin, qui dans ses rapports mentionnait « des courses nocturnes, de lâches désaveux et de mauvais propos contre la religion et le gouvernement »[63], mais il sût tout de même se faire plus discret que lorsqu’il était à Cerizay.
L'abbé Guerry resta à Beaulieu jusqu'en 1814, année du retour de Louis XVIII. À cette époque, beaucoup pensèrent que le Concordat de 1801 allait être aboli…
Les débuts de la Restauration
Lorsqu’au début de 1814 Napoléon fut vaincu par les armées étrangères coalisées, l’Ouest en profitant pour prendre les armes, le sous-préfet de Bressuire adressa le 23 mars à Boissy d'Anglas une note :
« Monsieur
Les révoltés sont en grand nombre de cet arrondissement ; je l’estime à 600 au moins. (…) le 22, une bande aussi forte (…) parcours Breuil-Chaussée, Beaulieu, Chambroutet et autres communes du canton de Bressuire et enleva beaucoup de jeunes gens »[64].
Après la chute de Napoléon, en mai 1814 le marquis de la Rochejaquelein revint « en tant que commissaire extraordinaire du Roi » dans les Deux-Sèvres et visita les paroissiens du Bressuirais et appela les dissidents le « nobles martyrs de la foi »[65]. Il encouragea les prêtres dissidents à reprendre publiquement le culte. Et pendant ce temps, les évêques anticoncordataires revinrent en France. Ces dissidents et non-dissidents, toujours unis, participèrent le 16 février 1816 en l’église de Saint-Aubin de Baubigné à l’enterrement de Louis de La Rochejaquelein tué au combat des Mathes. Cette période entre 1815 et 1817 était une période d’attente. Mais hélas pour les dissidents, le Concordat de 1817 devant stipuler un accord entre le roi de France et le pape et qui devait abolir celui de 1801 ne fut pas voté par la Chambre des députés. La réconciliation tant espérée n'eut pas lieu. Il y eut de véritables cas de conscience ; surtout que l’attitude de Mgr de Coucy après son retour de son exil en Espagne laissa perplexe les prêtres qui lui étaient restés fidèles. Le retour de Louis XVIII ayant mit fin à sa colère, l’évêque était rentré dans l’église concordataire ; et il se trouvait assez ennuyé vis-vis de la Petite Église. Il aurait même nié sa correspondance avec les prêtres anticoncordataires[66]. Ainsi certains anticoncordataires avec lui rejoignirent l’Eglise officielle de France. Mais d’autres restèrent schismatiques. On parle même d’un serment fait en août 1814 à Montigny, suite à une rencontre d’une délégation de la Petite église avec Mgr de Coucy, où quelques prêtres réfractaires au Concordat, sous l’égide de l’abbé Texier, décidèrent de rester dissidents en suivant les paroles dudit Texier :
« puisque notre évêque ne nous indique pas ce que nous devons faire, que chacun de vous agisse d’après ses lumières. Pour moi, je ne me rendrai jamais »[67].
Ces prêtres s’étant sentis trahis par Mg de Coucy, leur chef de file devint à cette époque Mgr de Thémines[68] jusqu’à sa mort en 1829.
En ce qui concerne Beaulieu, c’est une période un peu difficile à cerner ; ainsi les dissidents de la commune le 17 avril 1814 entrèrent dans l'église laissée sans desservant[69]. Quid de l’abbé Guerry ? S’était-il déjà rangé sous le giron de l’église concordataire ? Fût-il alors abandonné par ses ouailles ? En 1815, nous savons qu’il exerçait à Réaumur, et ne revint jamais dans le Bressuirais[70]. Et donc pendant quatre années les paroissiens de la Petite Église, en recherche de culte n'eurent d'autres choix que de suivre les messes clandestines des prêtres dissidents.
Le premier janvier 1816, Le Mauviel fut autorisé au double service sur Saint-Aubin du Plain et Beaulieu[71]. Lui qui fut tant apprécié durant ses dix années d’office à Beaulieu, jusqu'en 1818, assura avec difficulté une nouvelle fois le culte dans la paroisse.
Même si au vu de son passé à Beaulieu, les dissidents toléraient qu’il puisse célébrer des offices concordataires, et cela à la différence de biens d’autres communes environnantes.[72] toutefois, il devait subir nombre de contraintes. L'abbé de Moussac vicaire général les décrit dans un rapport adressé au préfet du département datant du 8 juillet 1818. Rapport, qui tout en remerciant l’effort du préfêt, regrettait qu’à Beaulieu avec la complicité du maire (Arnault), les « sectateurs de la petite église » s'étaient emparés de l'église de cette succursale sans curé, même si elle était pourtant desservie par le curé de Saint-Aubin-du-Plain :
« (…) Mr le desservant de St Aubin du Plain, est chargé dans les secours spirituels à la succursale de beaulieu en gatine (sic) qui est sans pasteur ; les dissidents, au nombre desquels et à ce qu’on assure, ou vers lesquel penche au moins, M. Le Maire s’en sont emparé et font leurs rassemblements ; oserai-je vous demander de donner un ordre spécial pour qu’il soit remis avec ce qui en dépend, à M Lemauviel.
M. le maire à permis qu’on enlevat de l’église, tout ce qui est necessaire au service divin, et cet ecclesistique lorsqu’il y va, soit pour y dire la messe, soit pour y remplir d’autres fonctions est obligé d’y porter des vases sacrés, des ornemens, du linge etc. Il y avait ci-devant pour cette église une fabrique composée de catholiques qui en géraient les revenus. Aujourd’hui se sont les dissidents qui se sont emparés de cette gestion, il ne rende comptent à personne et l’Eglise et le presbytère sont dans le plus mauvais état. J’ai l’honneur de vous prier de faire cesser cet abus (…) [73]
Les dissidents touchaient donc également les revenus des biens de la fabrique[74]. L'abbé de Moussac demanda au préfet M. le baron de Poyferré qu'il veuille bien donner des ordres spéciaux pour que le tout soit remis au curé légitime[75].
La commune fut alors classée parmi les dix plus « dangereuses » du département…[76] et ordre fut donné de saisir le mobilier de l'église. Évidemment, les dissidents vidèrent l'église avant l'arrivée des gendarmes. À ce moment de tensions, l’abbé Le Mauviel[77] ne voulut plus exercer le culte à Beaulieu, et il y eut vacance de prêtre de la « Grande Église » à Beaulieu.
Mademoiselle de la Haye-Montbaut
Nous ne pouvons pas continuer cet article sans faire un aparté sur Mademoiselle de la HayeMontbault.
Comme Anne de la Rochejaquelein, tante du général Henri, fidèle dissidente,[78] c'est là aussi une femme issue de la noblesse locale qui allait prendre la tête de la résistance dissidente à Beaulieu : Catherine Thérèse Victoire de La Haye-Montbault. Membre d'une branche cadette d’une vieille famille noble implantée à Beaulieu en leur château de la Dubrie[79] depuis le XVIe siècle, elle y était née en 1771. Elle s'était cachée à Poitiers pendant la Révolution et habitait depuis son retour à la Prévôté, demeure jouxtant l'église. Elle avait fait réparer à ses frais l’église et le presbytère ruinés pendant les guerres de Vendée. Au fur et à mesure que les prêtres dissidents locaux disparaissaient, elle utilisa ses relations et son argent pour en faire venir d’ailleurs. Ainsi, elle fit décider des prêtres dissidents des paroisses voisines ou de la Vendée proche de s’établir à Beaulieu. Mais elle fit venir aussi des prêtres concordataires devenus schismatiques.
L’abbé Pacreau écrira : « mentionnons aussi un prêtre janséniste qu’elle fit venir du diocèse d’Utrect (sic.)[80] Cet ecclésiastique arriva chez elle comme pour être son aumônier, n’ayant aucune connaissance de la dissidence, s’étant aperçu, et ayant appris que Mademoiselle n’était point en communion avec l’évêque du diocèse et qui ne s’agissait de rien moins que d’exercer chez elle un ministère tout à fait et publiquement schismatique, il se contenta de dire la messe un dimanche et s’en retourna d’où il était venu et comme il était venu. »[81] Ce fut certainement un cas exceptionnel, car rappelons-le la dissidence bressuiraise n’est pas janséniste, cela a ainsi souvent empêché plus de liens avec les Lyonnais anticoncordataires.
L’abbé Vigneron
C'est ainsi qu'en 1819 arriva l'abbé Vigneron originaire du Longeron[82] et ancien vicaire insermenté de Saint-André de la Marche[83]. Il fut desservant des Landes-Génusson de 1795 à 1804[84]. Il refusa le Concordat, et le vicaire général Paillou ainsi que le préfet de Vendée Merlet eurent maille à partir avec lui. En effet, s’estimant victime d’acharnement, il protesta plusieurs fois vigoureusement des interdits que Paillou lui avait faits. Ainsi lorsque celui par acte du 19 novembre 1803 lui notifia l’interdiction d’officier et l’obligation d’aller résider dans son département de naissance[85], il écrivit à Merlet et se défendit de manière acharnée :
« (…) vous verrez monsieur, qu’à la fin de la dernière lettre mê paillou me (mot illisible) de me faire rentrer de force dans le département où je suis né : un de mes amis, représentant, m’a dit que le sol de la république française est la partie de tous les françois, s’il n’y a pas de loi contraire, je vous prie monsieur, de ne pas permettre que je sois troublé dans mes possessions, et de ne pas dispenser, à mon détriment, de la loi qui condamne à deux ans de fer à une amende de 560 « qui troubleront les acquéreurs ou les locataires des biens nationaux. Je suis ici chez moi et dans mon département je serois chez les autres, si les autres étaient aussi déçus envers moi que mê. paillou comment me souffriroient-ils chez eux, puisque mêm paillou ne veut pas me souffrir chez moi ! si mê. paillou a le pouvoir de me déprêtriser, et qu’il en vienne là, alors je ne vivrai pas ici en qualité de prêtre, mais toujours en honnête homme
(…)
« voilà que Ms Paillou me défend de dire la messe même basse, et même dans ma paroisse, il veut me faire rentrer dans mon département où je n’ai rien tandis que j’ai dans celui-ci au moins une belle habitation, je vous prie monsieur de me marquer s’il y a quelques lois en faveur de Msg Paillou et si je ne puis plus dire la messe chez moi, car je suis toujours prêtre et Msg Paillou avec toute son autorité ne me déprêtrisera jamais (…) signé votre humble et très obéissant serviteur vigneron résidans et propriétaire de lande genusson 15 juillet 1803 »[86]
Extrait du courrier adressé par l'abbé Vigneron au préfet Merlet.
Seguin, desservant de la Gaubretière écrivit en octobre 1803 sur Vigneron :
« le voile est déchiré, nos non conformistes ne gardent plus de mesures, et se montrent tout dévouées à mgr de courci. Dimanche dernier je fis régis pour faire une sépulture dans l’église des Landes. Mr Vigneron que j’allai pour voir auparavant par amitié et par une espèce de bienséance me fit fermer l’entrée de sa maison. Il déclara intrus et schismatiques de sa propre autorité, ceux qui se permettent d’exercer le St ministère sans sa permission, qu’il accorde ou, refuse selon qu’il est affecté. Il tache de persuader aux habitans de cette paroisse qu’il vaut mieux qu’ils enterrent leurs morts sans sépulture ecclésiastique et qu’ils privent leurs enfants des cérémonies du baptême, que de s’adresser à nous, qui ne sommes, selon lui que des intrus. Il commence à faire sa cour aux grands pour s’en servir dans le besoin. Sans doute que l’imposture ne sera pas épargnée contre les prêtres qui auront la témérité de desservir les landes (…) (pages déchirées)[87]
Merlet lui ordonna toutefois de quitter le département avant le 31 août, le 30 Paillou demanda s’il était toujours aux Landes s’inquiétant qu’il n’arrive pas ce qui se produisait dans les Deux Sèvres avec les conscrits[88].
Il fut ainsi signalé le 8 novembre 1803 au sous-préfet de Montaigu comme un des plus ardents prêtres anticoncordataires des Landes-Genusson, et fut victime d'une campagne de diffamation et dénoncé pour être une personne de « mœurs scandaleuses et de probité plus que suspecte » par le préfet Merlet. Une lettre du sous-préfet de Montaigu au maire de la ville, datée du 10 Messidor an XIII (29 juin 1805), annonce l’arrivée la veille de Vigneron, ancien desservant des Landes-Génusson et qu’il était à surveiller ! La lettre précise également ceci : « M. Vigneron m’a témoigné le désir de faire un voyage, pour ses intérêts, du côté de Montfaucon (Maine-et-Loire) et avoir besoin d’aller dans son ancien domicile aux Landes, pour se procurer des meubles. »[89] Un rapport de gendarmerie d’août 1809 indique alors qu'il résidait à Tiffauges et qu'il était « méprisable sous tous les rapports, il fréquente ce qu'il y a de plus crapuleux et de plus mauvais sujets dans la commune (certainement des dissidents) »[90]. Il était en résidence surveillée à Aizenay en 1810, et aumônier, surveillé, de l’hôpital de Napoléon en 1813.[91] À la Restauration, après un passage au Pin en 1816[92], il arriva à Beaulieu. On peut estimer son arrivée vers octobre 1818, date où un rapport anonyme annonce qu’un dissident s’est emparé de l’église et du presbytère. [93] Cela est confirmé par une nouvelle élection du conseil de fabrique où en fait partie Gabriel Besson adjoint au maire et dissident.[94]
À peine était-il installé que le 3 avril 1819, Pastureau conseiller de la préfecture de Niort, méconnaissant le problème de la dissidence en rejeta la responsabilité sur Le Mauviel n’ayant pas assuré les offices, et déclara qu’il faudrait « fermer les yeux et paraitre ignorer ce qui ce passe ».[95] . L’évêque Soyer protesta énergiquement tout en disculpant Le Mauviel, et s’étonna que la préfecture puisse laisser la cure à un insoumis. L’évêque de Luçon adressa au ministre de la Police, un courrier fort peu amène concernant Pastureau mettant un garde les rapports fielleux de personnes non au fait du problème et signala le cas Vigneron[96].
Pendant ce temps, des habitants de Beaulieu non dissidents écrivirent au ministre de l'Intérieur, Elie Decazes :
« (...) Ces pretres (dissidents) parcourent nos campagnes de maison en maison, de jour et de nuit ; ils font leurs offices en chambre où ils disent messe, vêpres, baptisent, marient, avec mépris des autres pretres qui offices dans les églises des paroisses. Ils occasionnent des rassemblements considérables de peuples de leur partie, ils font la morale où ils ne cessent de vaumir les plus grandes indignités... contre le Souverain Pontife de l'Église Pie 7... ils ne cherchent qu'à troubler les esprits, souvent le mari avec la femme, le frère avec la sœur ; ils soutirent l'argent des maisons ; souvent par les femmes...
Roffard propriétaire Deschamps cultivateur
Renault agriculteur Lelong fabricant"[97]
Le ministre de la Police ordonna alors par courrier du 13 avril[98] que Vigneron fut évacué de la commune, et le 17 mai 1819 le sous-préfet écrivait à son supérieur :
« Conformément à la lettre que vous l'avait fait l'honneur de m'adresser le 29 du mois dernier, j'ai fait signifier au prêtre dissident Vigneron la défense d'occuper l'église et le presbytère de Beaulieu. Je lui avais fait remettre préalablement la lettre que vous lui aviez écrite pour l'engager à se réunir à la communion de l’Évêque diocésain, et à laquelle il a jugé à propos de ne point répondre. Après quelques difficultés de sa part et quelques démarches auprès de moi de celle du maire et de quelques uns des habitans de Beaulieu, il s'est déterminé à obéir à mon injonction et il a cessé d'occuper le presbytère comme l'église de cette commune. Les clefs sont maintenant entre les mains du maire à qui, d'après vos ordres, j'ai fait défense de le remettre à aucun dissident. Je lui ai aussi recommandé de recoller l'inventaire du mobilier de l'église et de le mettre en lieu sûr.
Mr le Mauviel ayant persisté dans son refus de desservir la paroisse de Beaulieu, ce sont les prêtres de Bressuire qui maintenant exercent les fonctions du culte (...)"[99]
Monseigneur de Bouillé, évêque récemment nommé pour le diocèse de Poitiers après avoir visité cette partie du diocèse avait tout essayé pour faire revenir les prêtres dissidents au sein de l’Église. Il leur adressa plusieurs suppliques et réussit à faire venir dans le giron de la Grande Église quelques-uns. C’est à ce moment que l’abbé Joubert de Boismé et la grande majorité de ses paroissiens quittèrent la dissidence.[100] Mais malgré une dernière supplique de l’évêque aux prêtres anticoncordataires, supplique qui fut sans grand effet :
« Je vous ai conjuré de reconnaître pour votre pasteur l'évêque que l'Église vous envoie et qui est en communion avec toute l'Église. Des avertissements si tendres et si paternels n'ont pas produit sur vous l'effet que je devais en attendre. La visite de cette partie de mon diocèse, où vous exercez votre funeste influence, m'a ravi le doux espoir de votre retour à l'unité. Il faut que les fidèles que vous avez entraînés dans le schisme apprennent de nous, qui sommes leur véritable pasteur, que vous n'exercez auprès d'eux qu'un ministère de mort. Si vous pouviez lire dans mon cœur, vous verriez que ce n'est que dans une profonde affliction que j'emploie envers vous des moyens de sévérité. Je veux vous en donner une nouvelle preuve en différant jusqu'au i5 juillet l'époque de la manifestation publique de votre interdit. Je vous engage à examiner encore cette affaire aux pieds de votre crucifix et en présence de l'éternité. Pensez aux reproches que vous adresseront, au jour du jugement dernier, tant d'âmes que vous pourriez sauver et que vous avez perdues » [101]
Le 21 juillet 1820, l’évêque fit paraitre une ordonnance qui se terminait par :
« (…)Il est pénible pour un père d'user de sévérité envers des enfants tendrement aimés ; mais les progrès de la contagion le demandent. Il ne faut pas qu'au jour où le Pontife éternel nous demandera compte des âmes commises à nos soins, ceux qui auront péri puissent nous reprocher un coupable silence. À ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Nous déclarons interdits : 1° MM. Perrière, Guéniveau, Legrand, Texier, Vigneron, Couillaud et Aubin, prêtres qui exercent publiquement les fonctions du saint ministère à Saint-André, Combrand, Montigny, Courlay, Beaulieu, Pierrefitte et Scillé, département des Deux-Sèvres »[102] et en même temps, il nomma l’abbé Audebert comme prêtre desservant de Beaulieu qui arriva dans cette paroisse accompagné par le doyen de Bressuire. Il prit aussitôt possession de l’église et du presbytère sans que la population n’osa intervenir cette fois, il est vrai qu’il avait le soutien du maire Arnault. Une de ses premières actions fut le 16 mai 1820 de faire l’inventaire des biens de la paroisse en présence du conseil de fabrique et l’abbé Hélie de Bressuire. Il constata le délabrement de l’église dont il manquait de nombreux ornements, et qui ne possèdait plus de drap mortuaire, de pierres sacrées sur les autels, ni de custode[103]… Heureusement la fabrique détenait encore des rentes en blé et en avoine sur les hameaux du Verger, la Garelière et la Dubrie. Il écrivit à son évêque la même année :
« Le conseil de de fabrique de Beaulieu, à l’honneur de supplier votre Grandeur de s’intéresser pour lui auprès du roi, afin d’obtenir de sa Majesté très Chrétienne un secours nécessaire pour subvenir à ses besoins très pressants »[104].
Toutefois le gouvernement de Louis XVIII sachant que parmi ses plus fidèles se trouvaient les dissidents temporisa souvent les demandes du pape et celles des instances catholiques françaises. Comme le résumait fort bien M de Vallée le sous-préfet de Bressuire :
« Ces sont de les plus royalistes de la population. C’est parmi les dissidents qu’on rencontre principalement les anciens Vendéens toujours fidèles à leur devise « Dieu et le Roi », couverts des honorables blessures qu’ils ont reçues en combattant pour ces deux objets de leur adoration et de leur respect [105].
La gendarmerie n’intervint souvent que pour des altercations entre le clergé catholique et les dissidents qui venaient généralement de tentatives des prêtres catholiques de récupérer les clefs des églises détenues par la population dissidente. Ainsi l’abbé Vigneron, après son expulsion de l’église paroissiale n’allât pas plus loin qu’une ferme voisine, la Garelière, où il exerça son culte clandestinement jusqu'à sa mort en septembre 1820[106].
L'abbé Audebert, prêtre concordataire nouvellement nommé dans cette paroisse profita de ce décès et cette « vacance » pour commencer alors une vaste campagne de conversions. Il avait réussi l'exploit de réunir autour de lui quelques habitants, finalement las de ces querelles, et avec ces derniers continua la lutte qu’il avait commencée contre l'abbé Vigneron et une grande majorité de la population.
Pour s'attirer leurs sympathies, il décida de s'attaquer à un symbole : la rénovation de la vieille église du XIIe siècle, en partie en ruine depuis la destruction du bourg en 1793. Ses efforts allèrent payer… Ainsi dès 1820, il put célébrer une cinquantaine de communions, dont de nombreux enfants de paroisses dissidentes n’ayant pas de desservants concordataires[107]. Il multiplia les processions, et augmenta les conversions…
Le temps passait, les prêtres anticoncordataires historiques décédaient les uns après les autres, ainsi ce fut le tour du vénéré Pierre Texier en 1826. Plus de six mille personnes assistèrent à son enterrement à Courlay. Ce fut difficile pour beaucoup de fidèles spirituellement d’accepter le culte laïque, et de s’aligner sur la tendance orthodoxe qu’allait suivre Courlay[108]. Pendant un temps, ils utilisaient de l’eau bénite ou des hosties préparées par les derniers prêtres avant leur décès.[109]Ils continuèrent les cérémonies comme au XVIIIe en les célébrant en français, toutefois sans consécration. Le baptême était et même des mariages sans bénédiction de prêtres.[110]
Entre la peur d’être schismatique et celle du salut de l’âme certains se convertirent. François Marillaud [111] allié aux Texier l’avait bien décrit lorsqu’il se « changea » :
« quelle triste alternative en effet pour un chrétien : ou bien être à la merci des mauvais prêtres exerçant un ministère de mort, ou bien vivre sans sacrement, sans Eucharistie, sans mariage et mourir sans confession. »[112]
Il y eut bientôt une séparation entre deux visions de la dissidence, celle qui souhaitait un prêtre coûte de coûte, quitte à ce qu'il fut concordataire à un moment (on les appellera plus tard les « relâchés »), et celle qui pour rester dans la ligne originelle se mit à accepter de devenir « laïque » (ils seront nommés les « orthodoxes ».) [113]De la première tendance, se trouvait Mademoiselle de La Haye-Montbault. Une fois de plus, elle fut à la tête de la dissidence de Beaulieu. De par son statut social, elle pouvait recevoir les quelques grands noms de la dissidence encore vivants. Ainsi l'abbé Pacreau écrira :
« Les abbés de Brogle, et de Mérinville étaient des prêtres dissidents résidant ordinairement en Angleterre le premier s’occupant peu de religion, l’était plus ardent donc cette matière. De temps à temps ces Messieurs venaient à Paris et dans la Vendée quelques communautés et quelque parens. Ils ne manquaient pas de passer à Beaulieu chez la demoiselle de La Haye qui leur faisait et leur faisait faire des réceptions quasi épiscopales données dans son par logis par les “dissidents” de la localité, en général les schismatiques s’appuyaient fortement sur ces deux personnages parce qu’ils avaient des noms marquants »
De son désir incessant d’avoir un prêtre, elle fit venir nombre « d’étrangers », entendons par là étranger à la région, qui inspiraient souvent du rejet de la part des quelques prêtres dissidents locaux encore vivants, mais aussi des catholiques qui pensaient que la dissidence disparaîtrait d’elle-même par le décès des derniers célébrants historiques. Ces officiants vinrent souvent de manière temporaire baptisant tous les nouveau-nés et consacrant des mariages comme Fossey, Jean-Baptiste Maisonneuve[114] originaire de Lyon, mais « il resta peu de temps ne pouvant pas trop s’entendre avec la susdite demoiselle », [115] Giaud, Perrault de Fontenay-le-Comte… Mais face à la forte personnalité de l'abbé Audebert, aucun ne resta…[116] Dans cette période de recherche de prêtre, Beaulieu était toujours à grande majorité dissidente.[117]
Extrait des écrit de l'abbé Pacreau
L’abbé Letellier[118]
Le 23 décembre 1829, Mademoiselle de La Haye-Montbault parvint à faire venir auprès d'elle un prêtre qui allait enfin tenir tête : l'abbé Guy Mathieu Letellier ou Lethellier. Il était né vers 1762 à Rauville la Place (arrondissement de Valognes). Il aurait participé aux guerres de Vendée sous le nom de « Guy Mathieu »[119] et aurait demandé sans succès la croix de Saint-Louis et le brevet de commissaire des guerres.
sa demande de pension
Il fut officiellement ordonné le 20 mai 1826 à Meaux.[120] Mais Mgr de Thémines aurait reçu sa rétractations « quinze ou seize mois après avoir été reçu prêtre »[121]. Il exerça à Nandy (Seine-et-Marne) en 1826 puis à Voinsles (Seine-et-Marne) de 1826 à 1827 et interdit à chaque fois comme attaché à la Petite Église.[122] Il aurait été condamné à Valognes pour avoir enseigné sans diplôme.[123] Il s'installa donc à La Garelière et dès fin décembre 1829 commença à y célébrer des messes dissidentes… Les autorités réagirent aussitôt, car dès le 5 janvier 1830, le Procureur du Roi à Bressuire dénonça ce « nouvel intru » au ministre de l'Intérieur qui ordonna alors une enquête. Une note de police datée du 23 janvier 1830 disait de lui qu’il : « (...) Demeurait à Paris, rue des Petites-Écuries, n° 18, dans un mauvais hôtel garni, qui n'est habité que par des filles prostituées... il s’abandonnait au vin et à la débauche la plus honteuse » C’était un procédé assez connu, trouver tout ce qui pouvait discréditer l’ennemi, quitte à altérer la vérité.
Le ministre de l’Intérieur décide d’agir :
« on a pu se montrer conciliant à l’égard des vieux curés dissidents en raison de leurs souffrances et de leurs fidélités passés mais cette indulgence serait faiblesse coupable à l’égard d’étrangers attirés uniquement par l’appât du gain »[124]
Le procureur demanda alors à Letellier de quitta la région, ce qu'il refusa, il fut traîné en justice devant le tribunal correctionnel de Bressuire le 30 avril et le 7 mai 1830.[125] Lors de sa première comparution, il y était en tant que prévenu d’avoir présidé à une réunion de plus de vingt personnes, professant le culte dissident en infraction à l’article 5 de la Charte constitutionnelle et l’article 291 du code pénal. Il reconnut n’avoir engagé personne à venir aux cérémonies religieuses qu’il célébrait. Mais que toutes celles voulant y venir étaient admises même si le nombre de vingt personnes était dépassé. Il expliqua sa position en tant que prêtre reconnaissant le pape et non le Concordat :
« on peut reconnaître le pape, sans approuver tous ses actes ; le concordat ne s'applique qu'à l'église de France, et non à l'église universelle. » [126]
Journal des presbytères et des fabriques : recueil mensuel Volume 2
À l’issue du procès, il fut condamné à 60 francs d'amende, et se vit interdire toute réunion sous prétexte de culte. Il fit appel de cette décision, appel qui fut porté devant le tribunal de Niort et qui confirma en son audience du 11 juin, le jugement du tribunal correctionnel de Bressuire.[127] L’arrêt fut publié dans la presse locale à la grande joie des catholiques. Les dissidents et Mademoiselle de La Haye-Montbault crièrent au scandale.[128] Le jugement alla en cassation lors d’une audience du 19 août :
« L’art. 5 de la Charte constitutionnelle, en proclamant que chacun exerce son culte avec une égale liberté, a-t-il abrogé l’art. 291 du code pénal, qui déclare que toute réunion de plus de vingt personnes, qui s’assemble à un jour fixe dans un but religieux, doit obtenir préalablement l’autorisation du gouvernement »
Le pourvoi fut rejeté avec une conclusion laissant sous-entendre qu’un changement de loi serait opportun :
« Attendu que l’art. 291 du Code pénal n’a point été abrogé par l’art. 5 de la Charte constitutionnelle ;
Ce que cet art 291 n’a point eu pour but de gêner le libre exercice d’un culte, mais a eu pour objet de soumettre à des mesures de surveillance une réunion de vingt personnes ; quelque soit d’ailleurs le but de cette réunion, fût-il politique, religieux, littéraire ou de toute autre nature.
Attendu que tant que les lois sont en vigueur, il est du devoir de la Cour de cassation d’en ordonner l’exécution ;
Attendu que le jugement attaqué, en faisant l’application au sieur Letellier des art. 291 et 292 du code pénal n’a pas violé les dispositions de l’art. 5 de la Charte ; Rejette le pourvoi ».
La Gazette des tribunaux (journal de Jurisprudence et des débats judiciaires) du 20 août 1830 publia le compte-rendu de cette audience et dans sa conclusion en appela aussi à un changement :
« le moment n’est-il pas venu pour le gouvernement de provoquer cette abrogation ? De mettre la législation de l’empire en harmonie avec notre constitution nouvelle ? Quel moment plus opportun que celui où on s’occupe d’organiser toutes ses libertés ? La liberté des cultes ne sera jamais complète tant que l’art. 291 n’aura pas disparu du Code pénal »[129]
Pendant ce temps, comme le culte lui fut aussi interdit chez Mademoiselle de La Haye Montbault, Letellier l’exerça donc à la Garellière. Entre-temps, Labourd le prêtre dissident desservant de Cirières, par peur de poursuites du gouvernement pour menées antimilitaristes quitta sa paroisse le jour de la Fête Dieu.[130] Et n’étant plus qu’un des rares prêtres dissidents à encore exercer dans la région, ce jugement procura de la notoriété à l’abbé Letellier. Les adeptes de la Petite Église de tout le département affluèrent à La Garelière où il continua à prêcher. On signala bientôt plusieurs milliers de fidèles… Pour faire face à l'affluence, Mademoiselle de La Haye-Montbault décida même de financer la construction d'une chapelle dissidente à quelques dizaines de mètres de l'église[131]… lasses et ayant d’autres soucis en ce début d’été 1830, les autorités décidèrent de laisser faire.
Journal du palais t3 de 1830
Fin juillet 1830 une nouvelle Révolution éclata et opposa les partisans du roi en place Charles X aux partisans du futur Louis-Philippe. À Beaulieu, les habitants étaient majoritairement légitimistes. Pourtant au printemps 1831 l'abbé Letellier aurait affiché ses opinions philippiques par quelques paroles favorables à Louis Philippe, pensant très certainement que ce nouveau gouvernement abrogerait ce fameux article 291. Des dissidents qui très majoritairement étaient légitimistes l’auraient abandonné à ce moment-là… Une autre raison est mentionnée par l’abbé Pacreau :
« Les réfractaires du pays le soupçonnèrent d’être un agent secret de la Police de Paris, et le fameux Diot le général alla lui faire des menaces »[132], de sympathie philippiste, on en arrive à agent du gouvernement… Réalité ou moyens pour le discréditer ?
Il est vrai que depuis un certain temps des troupes de chouans reprenaient alors les armes dans les environs sous les ordres du légitimiste « général Diot »[133], obligeant les autorités à prendre des mesures :
« Le bocage est inondé de troupe. Notre petite ville de Bressuire, qui ne compte que 1 500 âmes, est écrasée de logemens de guerre ; depuis près de deux mois, les passages se succèdent presque sans interruption, et les maisons ont généralement quatre, six, huit et jusqu’à dix militaires à loger ; quelques-unes en ont reçu douze ou quatorze. Des passages de 7 à 800 hommes chaque jour se succèdent. Il n’y a pourtant plus dans l’arrondissement que 100 à 150 réfractaires. »[134]
Le 17 juin 1831 Diot « qui semble d’ailleurs pris de vin, » donna quatre jours à l’instituteur de Breuil-Chaussé, étranger à la région pour quitter le pays et alla menacer Letellier.[135]
D’après Pacreau :
« Monsieur Letellier (fit ?) ses plaintes à aux autorités militaires de Bressuire pour veiller à sa sûreté, envoya une compagnie de soldats s’établir sans le bourg de Beaulieu. »
Ainsi un détachement du 1er léger de 20 hommes commandé par un sous-lieutenant était cantonné à Beaulieu depuis au moins le 25 juin 1831, date où ils perquisitionnèrent le hameau du Coût dépendant de Breuil-Chaussée, mais proche de quelques centaines de mètres de Beaulieu.[136] Notons que le marquis de la Haye-Montbault, neveu de la protectrice des dissidents, était un légitimiste qui cachait régulièrement en son château de la Dubrie les membres de la bande de Diot et avait eu droit à une perquisition dès novembre 1830.[137] Heureusement pour Letellier, lorsque Diot revint le 11 juillet 1831, la gendarmerie lui fit face. Des coups de feu furent échangés, Diot rebroussa chemin sans insister.[138] Suite à cet incident, de nombreux dissidents se détournèrent de Letellier, certainement par peur et ses réunions eurent à partir de là moins de succès.[139]
Car les troubles durèrent dans la région et à Beaulieu même après l’arrestation de la Duchesse de Berry. Ainsi près de la commune, deux soldats furent attaqués par une bande de chouans (celle de Diot ?) le 30 septembre 1833 et furent dépouillés de leurs vêtements.[140] Et quelque temps plus tard, le 4 janvier 1834, huit hommes armés ont sillonné les bourgs de Beaulieu et de Nueil[141] :
« Niort, le 10 janvier 1834
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous rendre compte que le lieutenant de Bressuire m’informer que, Samedi passé, 4 du courant, huit hommes armés de fusils de munitions et de chasse ont été vus entre les bourgs de Beaulieu et de Nueil sous les Aubiers arrondissement de Bressuire, la gendarmerie aussitôt instruit de cela se mis à leur poursuite, mais toutes recherches ont été inutile :
Le capitaine de gendarmerie Guitters »
Puis le 17 du même mois vers les 18 heures, des chouans armés se sont présentés à Beaulieu, cinq sont entrés chez Mlle de la Haye-Montbaut à la Prévôté et trois chez Arnault l’ancien maire de la commune où ils ont demandé à boire et à manger ; ils y auraient molesté une jeune ouvrière de Bressuire,[142] pour repartir vers minuit dans les bois de Brétignolles.[143] Ils revinrent le 23 janvier[144] et même se seraient fait servir à manger à la Garelière.
Recherchaient-ils l’abbé Letellier ? Car c’est à la Garelière qu’il avait exercé le culte dissident et à la Prévôté de Mademoiselle de la Haye-Montbault qu’il décéda, en étant un des trois derniers prêtres dissidents du Bressuirais, le 13 mars de cette même année de 1834.[145]
Après leurs visites de janvier, plus jamais il n’y eut écho d’un autre passage de chouans à Beaulieu.
Dans les écrits sur la Petite Église venant très souvent de prêtres catholiques vilipendant les schismatiques, Letellier est toujours indiqué comme un intrigant au passé trouble, précurseur de la venue de prêtres de peu de valeur, voire d’escrocs comme Maisonneuve, Bernier[146]… Mais l’était-il réellement ? Certes, il n’était pas originaire de la région, et avait d’abord prêté serment au Concordat. Mais de par sa présence durant cette période, Beaulieu resta en grande majorité à tendance dissidente et résista beaucoup mieux que de nombreuses communes aux alentours.[147] Il est vrai que les autorités catholiques pour lutter contre les officiants dissidents avaient abandonné la force contre le discrédit. C’était toutefois un jeu dangereux, car il fallait faire attention de ne pas donner des arguments aux anticléricaux du reste de la France qui méconnaissaient la particularité locale de la Petite Église.[148]
Pendant ce temps, l’abbé Audebert le prêtre de la Grande Église de Beaulieu ne s’avouait absolument pas vaincu et les déboires de Letellier furent l’occasion pour lui d'organiser une grande procession dans Beaulieu et de dresser fièrement une croix de bois sur une place centrale du bourg, comme d’autres plantent un drapeau en terre conquise.[149]
Durant le règne de Louis-Philippe, les autorités sachant que c’était justement une région légitimiste[150] ne souhaitant pas créer plus de heurts laissèrent les partisans de la Petite Église tranquille, d’autant plus qu’elle officiait maintenant dans des chapelles privées.
L'abbé George
Mademoiselle de La Haye-Montbault ne tarda à s'enquérir d'un autre prêtre. Mais la personnalité de l'abbé Audebert ne lui facilitait toujours pas la tâche. L'abbé Ozouf, prêtre réfractaire du diocèse de Coutances qui était parvenu à émigrer en Angleterre pendant la Terreur, et qui en 1801 avait refusé le Concordat, devint l’aumônier de la marquise de La Haye-Montbault à la mort de Letellier.
Mais au décès de l'abbé Fossey desservant des Aubiers, Ozouf le remplaça auprès des dissidents de cette commune. Toutefois, il se déplaça de temps à autre à Beaulieu pour officier dans la toute nouvelle chapelle [151].
Ce n'est qu'en 1840 qu'arriva à Beaulieu l'abbé Georges. Encore un personnage énigmatique. Voici comment l’abbé Pacreau le décrivit :
« Plus tard arriva en France (?) à Beaulieu le sieur George, ce prêtre natif du diocèse de Chambéry était un homme hautain, brouillon, entiché de sa personne quoique de capacité médiocre et même de mœurs assez douteuses. S’étant mis en désaccord avec ses supérieurs ecclésiastiques, il était venu à Turin ou il avait réussi à avoir des entrées assez favorables chez quelques hauts personnages qui avaient d’abord voulu le protéger. Ces derniers ayant fini par mieux connaître ce personnage l’évincèrent tout à fait. Ainsi éconduit George vint en France et alla d’abord battre le pavé de Paris, où Monsieur Maisonneuve dont nous avons parlé plus haut, l’avait connu dans une situation fort dégradante. Après quelques pérégrinations il fut reçu à Bordeaux où il a deux vicariats successifs et en peu de temps après interdit par l’archevêque. Alors il lui vint en pensée de se donner comme prêtre dissident, ayant appris ce qui se passait en Vendée et ? Dans le bocage chez la demoiselle de La Haye à Beaulieu, il résout de s’y rendre, mais dépourvu de ressources pécuniaires pour faire le voyage il se fit passer pour un prêtre zélé qui entreprenait de venir convertir la ? ? du diocèse de Poitiers. Au ? de cette ruse il voyagea de cure en cure et arriva enfin à Beaulieu. Là il s’aboucha avec la demoiselle dissidente et s’offrit à elle pour être son aumônier. Il fut reçu très facilement, et joua si parfaitement son rôle qu’il gagna auprès de son hôtesse sa confiance.
À la demoiselle quelques portions de ses immeubles en s’y appropriant d’avec les bénéfices. Mais bientôt l’homme ne put s’empêcher de se montrer. De très graves rumeurs se répandirent sur son immoralité. La Justice de Bressuire intervint, et après des ins… tions et des enquêtes, le sieur George fut arrêté conduit en prison et envoyé en cour d’assises à Niort. Son jugement eut lieu à huis clos et il fut condamné à l’exposition publique et aux travaux forcés. Un temps après l’expiration de sa peine, il vint faire apparition à Bressuire liquider ses affaires pécuniaires et recueillir les sommes qu’il y avait déposées. Il disparut ensuite et l’on a perdu ses traces depuis ce temps-là »
C’était un véritable prêtre donc selon l’abbé Pacreau, ancien vicaire de la région de Bordeaux, il se serait vu interdire d'exercer par son évêque, et alors vers 1840 tenta sa chance auprès de la marquise de La Haye-Montbault.
Il profita des excès de bonté de sa bienfaitrice, et parvint à lui soutirer les bénéfices de ses biens immobiliers… Rappelons que ne pouvant plus profiter les bénéfices de la fabrique, souvent les riches dissidents aidèrent financièrement leurs officiants.
Mais cette fois la population fut soupçonneuse, de plus des rumeurs d’atteinte aux mœurs vis-à-vis de jeunes filles circulaient et une dénonciation alerta une fois de plus les autorités. Arrêté, il aurait été condamné à plusieurs années de travaux forcés. Cela parut dans de nombreux articles de presse.
Ce fut une des rares fois que la Monarchie de Juillet intervint contre la Petite Église, et cela uniquement à cause des crimes de l’officiant.
Mlle de La Haye-Montbault le soutint pourtant jusqu’au bout, jetant le trouble dans la population dissidente béllilocéenne. Elle décéda en 1846 privant ainsi les derniers dissidents de Beaulieu de leur chef de file, même si elle ne les oublia pas dans son testament.
Ainsi face aux problèmes politiques de l'abbé Lethellier, aux choquantes escroqueries de l'abbé Georges, nombreux furent ceux qui rejoignirent les rangs des concordataires. Mais ce n’était pas la seule commune à connaître ces problèmes.
En 1856, ce fut au tour de l'abbé Audebert de décéder, en ayant la satisfaction de savoir que plus de 50% de la population s’était converti.
L’abbé Baudry lui succéda et participa lui aussi activement la lutte contre la dissidence. Il procéda même à une réhabilitation de mariage en avril 1853 de François Geffard « en face de l’Église catholique » [152]. À partir des Trois Glorieuses, lorsqu’enfin chaque paroisse était desservie d’un prêtre concordataire la reconquête commença réellement, il y eut alors tout une vague de réhabilitation de mariage de la part de l’Église, quelquefois même sans le consentement du conjoint [153] comme l’avait permis le pape Pie VII dès 1820 ; et que l’évêque de Poitiers avait repris par ses statuts synodaux imprimés en 1829. C’est à ce moment-là que le bastion du nord fut « annihilé. » La commune des Aubiers qui en 1801 comptaient autant de dissidents que Courlay, eut au moins 38 mariages réhabilités entre 1847 et 1850 et selon le recensement de 1851 était tombé à 331 dissidents au lieu de 1 200 juste après le Concordat.[154]
Grâce à une supplique de 1866 du curé de Beaulieu à l’Impératrice Eugénie afin d’obtenir des secours pour la reconstruction du clocher de l’église, nous savons qu’il y avait encore 150 dissidents à Beaulieu sur une population de 450.[155]
La dissidence ne devait pourtant pas capituler en ce milieu du XIXe siècle, comme en témoigne une lettre écrite par un prêtre successeur de l'abbé Audebert, mais que nous n'avons pas pu identifier :
« (À Beaulieu) une petite poignée d'orgueilleux, les dissidents vivent dans un état de sauvagerie, sans pasteur, sans sacrifices (…) »(23)
Le combat par l’éducation
À Beaulieu, mais en vérité dans tout le bocage bressuirais, durant la seconde partie du XIXe siècle, l'opposition ne se faisait plus entre les prêtres, mais sur le plan des écoles… C’était une période où la Petite Église n’avait plus de prêtres ; leur évêque Mgr de Thémines était décédé sans n’avoir jamais voulu en ordonner de nouveau[156]. Leur chef de file fut un laïc Philippe Texier, fils du combattant vendéen Joseph, et les membres de la famille Texier furent sur plusieurs générations « officiants laïcs » de la Petite Église à Courlay.
Très rapidement, l’enjeu du conflit fut les enfants et leur éducation spirituelle et pour cela le combat de la Petite Église se fit par des femmes célibataires et pieuses dévouées à la cause dites les « sœurs. » C’était tout le paradoxe de la petite Église au milieu du XIXe siècle, entre son respect de la tradition ancestrale et de par le manque de prêtres, son choix d’une laïcité et d’une féminisation. Ces sœurs pouvaient ainsi parfois diriger le culte laïc, en démontrer la validité et tenir tête idéologiquement aux prêtres catholiques[157]. Mais surtout, elles assuraient l’enseignement afin notamment que par leurs connaissances des textes religieux les jeunes générations puissent contrecarrer les tentatives de conversion des officiants catholiques. Ce sont elles qui activement firent durer la dissidence dans le temps en ouvrant des écoles mixtes.[158] Ainsi, paradoxalement pourrait-on presque dire, pendant de nombreuses années l’enfant dissident savait lire, écrire et compter à la différence de l’enfant catholique.[159]
En 1830, pour contrecarrer l'abbé Audebert, Mademoiselle de La Haye-Montbault fit donc construire une école dissidente dans une ferme voisine dont elle était propriétaire, la Chaonnière[160]. École qui était ouverte aux enfants des deux sexes et où l'enseignement était assuré par deux institutrices congrégationnistes également dissidentes.[161] Mais les « sœurs » quittèrent rapidement la commune. Trop rigoriste ? Car comme nous l’avons vu précédemment, plusieurs courants existaient au sein de la communauté, et la Marquise de La Haye-Montbault fut classée dans les « relâchés », notamment par son choix de prêtres ayant prêtés à un moment ou à un autre serment au Concordat.[162] Ces « sœurs » furent alors remplacées par un jeune homme de Beaulieu, Jean-Baptiste Maingret.[163] Mademoiselle de La Haye-Montbault fort intelligemment, profitant de la clémence de la Monarchie de Juillet, lui fit obtenir un brevet de capacité et l'installa à Beaulieu où il fit la classe aux enfants des deux sexes en qualité d’instituteur libre,[164] « l’unique instituteur privé de la secte » selon l’abbé Pacreau. Dans son testament[165], Mademoiselle de La Haye-Montbault avait légué la majorité de ses biens à sa famille, mais elle n'avait pas non plus oublié l’enseignement des dissidents, ainsi il y avait une clause disant :
« de payer annuellement et à perpétuité, chaque terme du premier janvier, la somme de deux cents francs, pour être employé à l'instruction des enfants pauvres des deux sexes de la ditte commune de beaulieu. Cette somme sera versée entre les mains de l'instituteur de la commune par les soins de M. le Maire. (…) Le premier payement des deux cents francs pour l'instruction des enfants pauvres se fera au premier janvier qui suivra mon décès en proportion du temps écoulé. »
Après le décès de sa bienfaitrice, Maingret, se fit officiellement nommer instituteur communal. Et avec le concours de la mairie, il chercha un local dans le bourg même.[166] Et le 1er novembre 1848, Joseph Bénétreau de Terves, afferma à Pierre Gabilly, maire de Beaulieu, une maison avec grenier et jardin afin d'en faire une école primaire.
Mais arriva le Second Empire avec au pouvoir le neveu de Napoléon, qui fut un ennemi juré des dissidents. La tranquillité de culte que leur accordait Louis-Philippe fut remplacée par une longue période de tracasseries administratives, voire de persécutions.[167]
En 1851, l’instituteur se heurta à l'inspecteur d'académie, opposé à la dissidence. Ce dernier écrivit alors au curé de Beaulieu, l'abbé Baudri [168] :
« Par suite du rapport adressé par moi à Mr le Recteur sur l'école de Beaulieu, rapport où je signalais le grand danger de laisser là un foyer et une chaire à la dissidence, dans un moment surtout où tous les bons esprits sentent la nécessité de régénérer l'esprit religieux pour sauver la société en péril ; Mr Le Recteur de l'académie des Deux-Sèvres, frappe de révocation l'instituteur Maingret que j'ai prévenu il a y déjà plusieurs mois du danger qui le menaçait, et que j'ai vainement tenté à plusieurs reprises de ramener dans le giron de l'église Romaine. J'envoie à Mr le Maire de Beaulieu la lettre de révocation, en priant ce magistrat de la remettre à Mr Maingret, et de lui signifier l'ordre de fermer son école, s'il ne veut encourir les peines portées par la loi. Mr le Recteur qui est aussi humain qu'il est pieux, offre une dernière planche de salut au sieur Maingret, me faisant espérer qu'il lèvera l'interdit, si ce malheureux sectaire s'empresse d'abjurer entre vos mains. Mais encore faudrait-il Mr le Curé que cette conversion soit sincère, c'est là une chose délicate que nous abandonnons entièrement à votre sage appréciation. »
Maingret s'était donc vu imposer un choix par l'inspection académique : se convertir ou être révoqué. Il ne céda pas et refusa de prêter le serment exigé des fonctionnaires par le gouvernement impérial. Il fut donc révoqué et l'école fermée. Ce qui ne l'empêcha pas de continuer ses cours à la Châonière, en temps qu’instituteur libre. En réponse, l'abbé Baudri, curé en place, décida à son tour d'ouvrir une école, mais catholique cette fois. Il fit ainsi venir en octobre 1852 des religieuses de la Salle-de-Vihiers et les installa dans une maison du quartier du Vignau louée à un Charles Chartier pour 40 francs. Mais ce logement ne convenant pas,[169] les sœurs furent remplacées par les sœurs Saint-Louis et Saint-Laurent qui s'installèrent à la Prévôté, l'ancienne demeure de Mademoiselle de La Haye-Montbault ! Cette maison appartenait maintenant à son neveu, catholique légitimiste. Le neveu donc loua pour un bail prévu pour 14 ans et un loyer de 100 francs.[170] À l'échéance du bail, en date du 1er novembre 1867, le marquis ne souhaita pas le renouveler ; les religieuses furent dans l'obligation de partir, au grand désespoir du prêtre catholique :
« Mr le marquis de la Haye Montbault ne voulant plus continuer à faire le bien qu’il avait commencé, songeait déjà à retirer sa maison à la fin du bail qui serait expiré le premier novembre 1867, il en a menacé la commune pendant toute l'année 1865. Espérant le faire changer de résolution, j'ai fait six à sept fois le voyage de la Dubrie dans ce but. Mais la chose ne l'a pas été possible, une menace étant pour le Marquis, une décision (...). »
Mais l’instituteur Maingret et les dissidents pendant ce temps-là ne s’avouèrent pas vaincus, et leur réponse fut financière comme en témoigne l'abbé Baudri dans une lettre qu'il écrivit en 1862 à son évêque :
« Si vous ne m'autorisez pas à renvoyer du catéchisme et à refuser pour la première communion les deux enfants catholiques qui fréquentent l'école de mon instituteur dissident, aujourd'hui il y en a deux et dans un an il y en aura 40, l'école de mes religieuses dans une commune aussi petite que Beaulieu sera déserte, toute ma paroisse de catholique deviendra dissidente. Est-ce à une école schismatique que les enfants apprendront la soumission au pape, aux évêques aux curés ?…) Cet instituteur fait de la propagande, il y a les enfants de tous les dissidents qui se retrouvent à 5, 6 lieues autour ; il les reçoit à 50 francs de moins que le taux fixé par l'académie : ce qui suffit pour lui attirer tout le monde dissident et catholique (…) J’ai consulté tous mes confrères des environs, ils ne reçoivent à leur catéchisme, ils n’admettent à leur première communion aucun enfant s’il ne fréquente une école catholique. Je n’ai pas voulu suivre leur exemple avant d’y être autorisé ; parce que je suis sur le théâtre de la guerre. Mais si votre grandeur me le permettait… » [171]
Avec le pouvoir impérial qui interdisait toute réunion ayant pour objet la politique ou la religion (si cette dernière n’était pas une religion autorisée), les prêtres locaux s’en servirent comme arme légale pouvant leur permettre pour s’en débarrasser définitivement et firent souvent appel à la force publique, et cela même si le sous-préfet de Bressuire souhaitait temporiser à la différence du procureur impérial de la ville[172]. La lutte contre les anticoncordataires devenait féroce ce qui affecta le nombre de la population dissidente dans les Deux-Sèvres qui passa de 10 00 en 1830 à 3 560 en 1865.[173]
Rappelons que la Petite Église n’est absolument pas prosélytique, « on ne devient pas dissident, on naît dissident ». Cela appelle une érosion de son nombre ; même, mais s’il fut quelquefois difficile de quitter la dissidence. Car en la quittant, c’était quitter en même temps un noyau familial et économique.[174]
Le conflit ne cessa à Beaulieu, qu'après le départ de l’instituteur Maingret, un peu après 1866.[175] Car comme avait dit Pacreau « c’est autour de lui que la dissidence de Beaulieu s’est groupée jusqu’à ce jour ». En 1869, il hérita de tous les biens de Mlle Cossin dissidente de Saint-Martin-Lars de-Tiffauges.[176] Cette commune fut longtemps le cœur du schisme du département de la Vendée. Et tout comme Mesdemoiselles de La Rochejaquelein et de La Haye-Montbault en leurs temps,[177] Mlle Cossin y entretenait la flamme anticoncordataire. Elle fut une fidèle de l’un des derniers prêtres anticoncordataires historiques l’abbé Bénéteau et avait fait construire une chapelle pour maintenir le culte dissident. Après le décès de ce dernier, elle fit régulièrement venir des prêtres comme Ozouf, Maisonneuve dans sa commune. Elle fit donc de Maingret son héritier avec obligation pour ce dernier d’entretenir le schisme.[178] , Maingret résida à Saint-Martin-Lars de-Tiffauges jusqu’à son décès le 10 avril 1885[179] en tant que dernier représentant de la Petite Église de la commune.[180]
Il aurait joui paisiblement de cette fortune[181] qu'il légua à Louis Pierre Jottreau.[182] Ce dernier était le neveu de Joseph Jottreau époux de Marie Bouet domestiques de la demoiselle de la Haye Montbault, et dont les deux fils Joseph Timothée Jottreau et Timothée Clément Aristide Jottreau, avaient hérité d’elle de biens à la Chaonnière.[183] Louis Pierre Jottreau un temps tisserand à Mortagne-sur-Sèvre dépositaire des papiers de Mlle Cossin,[184] vécut quelques temps à Saint-Martin[185] avant de devenir officiant laïc de Cirières.[186] Notons que ses cousins Joseph Timothée Jottreau et Timothée Clément avaient un troisième frère Joseph Delphin Stanislas qui avait épousé Marie Jeanne Victoire Maingret, nièce de Jean-Baptiste, l’instituteur. En dernière précision, nous savons que selon une lettre du sous-préfet de Bressuire au préfet du département daté de 1854, la chapelle dissidente du centre du bourg devint également la propriété de la famille Jottreau dissidente.[187] Tout cela indique un maillage familial et relationnel parmi les dissidents.
L’arrivée de la IIIe République
Pendant ce temps à Beaulieu, Le successeur de l'abbé Baudri avait réussi à construire une école catholique en plein cœur du bourg, et cela avec le soutien de la municipalité et de dons privés. Parmi les donateurs se trouvent notés : Le comte et la comtesse de Saint-Laurent (1 500 francs), le comte de Rohan-Chabot (1 000 francs), le marquis Auguste de la Rochejaquelein 300 francs), le marquis de La Haye-Montbault (103 francs) …[188] Elle fut inaugurée le 28 novembre1867. Cette école fut la seule jusqu’à la fondation en janvier 1880 de l’école communale laïque pour garçons, et cela malgré une tentative du curé de Beaulieu l’abbé Guerry (qui n’a aucun rapport avec le précèdent) de s’y opposer sous le prétexte du prix d’acquisition trop élevé et que comme il disait « deux écoles à Beaulieu ne sont pas nécessaires vu qu’il n’y a que 491 habitants » (…) [189] Elle fut construite au Saut et pouvait accueillir 80 élèves. [190]
Comme dans nombreuses petites communes des environs, les filles fréquentaient l’école catholique, et les garçons la communale. Seules exceptions, les filles d’obédience protestante, dissidente et celles dont les parents avaient des opinions plus libérales que la moyenne du Bressuirais. Les parents de ces petites filles dissidentes évitaient ainsi une tentative de la part des sœurs enseignantes de les faire entrer dans le giron catholique. Il est vrai que la IIIe république fut très bien accueillie par les dissidents ! Comme on vient de le voir, les enfants se mirent ainsi à fréquenter l’école publique[191] et les parents votèrent plus « à gauche » que le reste de la population du bocage bressuirais.
La loi de 1905 concernant la séparation de l’Église et de l’État eut peu d’incidence auprès d’eux vu que c’était un acte de l’état français qui ne remettait pas en cause l’épiscopat concordataire. Au fur et à mesure du XXe siècle, la grande Église ne désigna plus la Petite Église comme schismatique, considérant les dissidents comme des catholiques romains et ne parla plus d'abjuration lorsque certains rentrèrent dans la Grande Église. Il y eut aussi régulièrement des négociations avec Rome, qui s’avérèrent toutefois infructueuses.
Au début du XXe siècle, il n'y avait plus officiellement à Beaulieu que cinq foyers dissidents, faisant même oublier qu’elle fut une des paroisses les plus anticoncordataires de la région. Mais ce fut certainement une sous-estimation, car notamment dans les années 1940/1950, on pouvait encore en compter au moins six foyers à Beaulieu.
Il est vrai que le recul était général, ainsi en 1907, il fut évalué par le journal La Croix que pour les trois cantons de Bressuire, Châtillon, et Cerizay, il y avait environ 3 000 dissidents, dont 950 pour la seule commune de Courlay.
Et de nos jours ? La petite Église n’a pas encore complétement disparue dans cette région, surtout en son épicentre de la Plainelière de Courlay. L’exode rural n’ayant pas été le plus ravageur, l’érosion fut lente, même si aux vues de l’extérieur, elle semble s’accélérer en ce début du XXIe siècle. Les dissidents eux-mêmes savent que la Petite Église est appelée à disparaitre. À Beaulieu, à peine, remarque-t’on les voitures garées auprès de la chapelle certains dimanches, et quelquefois au détour d’une conversation, surtout de personnes âgées, on peut entendre : « mais si, tu sais ses parents étaient dissidents, il -/elle s’est changé(e) à son mariage » ou « il est de la Plainelière » signifiant son appartenance à la Petite Église.[192] La dissidence continue la fin de son chemin,[193] entre une indifférence bienveillante des habitants la protégeant ainsi du regard des non-locaux[194], mêlée toutefois d’une certaine curiosité[195]… Car qui originaire de cette région n’a pas eu un ancêtre dissident ? Elle a en tout cas marqué les esprits, et la « Vendée de la mémoire » dans le Bressuirais en fût profondément impactée.
A lire aussi :
[1] Christelle et Frédéric Augris « Histoire d'une commune du bocage : Beaulieu-sous-Bressuire » -1999 -Familiaris (épuisé) [2] Frédéric Augris « les conséquences du Concordat dans une petite commune du bocage des Deux-Sèvres, en territoire historique de la Vendée Militaire : Beaulieu-sous-Bressuire » publié dans « Journée historique de Legé » du 30 juin 2001 autour du Concordat de 1801 -textes réunis par l’abbé Chanteau -Association des Amis de Legé- 2001 [3] « Pérennité du mouvement anticoncordataire : deux siècles plus tard, les fidèles de la « Petite Église » persévèrent » - Entretien avec Bernard Callebat et Jean-Pierre Chantin – Religioscope - 31 octobre 2003 [4] Précisons que la petite église des Deux-Sèvres n’étant absolument pas janséniste, cela réduisit ses liens avec celle du Lyonnais notamment. [5] Bressuire ne le sera pas [6] Cantons d’avant la réforme de 2015 [7] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830) »- Nouvelles éditons latines -1982 [8]Jean-Joseph Mestadier évêque constitutionnel des Deux-Sèvres de 1791 à 1793, il traqua les nobles et les insermentés et accompagna François-Joseph Westermann en Vendée. Il se démit en novembre 1793. Après la Terreur, puis en 1801, il tenta sans succès de récupérer son siège épiscopal. Retiré à Coulon près de Niort devient avocat et maître d'école jusqu’à sa mort en 1803. [9] À la différence de l’évêque de Luçon et les prêtres de cet évêché qui firent rapidement revenir les ouailles dans la Grande Église. Lire Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » - maitrise d’histoire contemporaine université -Tours 1996-97- Revue d’histoire du pays bressuirais n°48 -1998/199 [10] Jean-Pierre Chantin « Anticoncordataires ou Petite Église ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X » Chrétiens et sociétés. - Religioscope 31 octobre 2003 -http://journals.openedition.org/chretienssocietes/3827 [11] Jean-Pierre Chantin « Anticoncordataires ou Petite Église ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X » - Chrétiens et sociétés -http://journals.openedition.org/chretienssocietes/3827 [12] Témoignage de Soyer « M de Marigny fut pris dans une métairie près de Cerisay ; Stoflet avait promis à M Soyer l’ainé qu’il ne lui seroit fait aucun mal, il lui en donna sa parole d’honneur. Le curé de Saint-Laud arriva, eut avec Stofflet une conversation qui dura vingt minutes, et Stoflet envoya un capitaine pour fusiller M. de Marigny. Le premier envoyé n’avoit ordre que de l’arrêter. C'est là sans doute une grande tache à la gloire de Stoflet; mais il faut se rappeler que les trois généraux Charrette, Stoflet et Marigny s'étoient promis d ene pas s'abandonner, sous peine de la vie » - Antoine-Eugène Genoude « Voyage dans la Vendée et dans le midi de la France ; suivi d'un Voyage pittoresque en Suisse » / Lire aussi entre autres les mémoires de Poirier de Beauvais, il y indique l’influence de Marigny dans cette partie de l’Ouest insurgé [13] M. Chatry « Le linceuil de Marigny » - SV n°154 - mars avril -1986 [14] Guy Coutant de Saisseval avait émis cette hypothèse dans « Une survivance de la guerre de Vendée « la Petite église du bocage » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay -1994 et Baptiste Cesbron fait la même constatation dans « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » - La geste -2019 [15] Paroisse d’Angers [16] Cette famille sur plusieurs générations fut un pilier de la Petite Église, voir Guy Coutant de Saisseval « une famille Vendéenne de Courlay durant la Révolution – les Texier » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay 1990 / Guy Coutant de Saisseval « Une survivance de la guerre de Vendée « la Petite église du bocage » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay 1994 [17] Pour mieux appréhender, cette partie de la Vendée militaire lire l’article La disgrâce du général d'Autichamp [18] Guy Coutant de Saisseval « Une survivance de la guerre de Vendée « la Petite église du bocage » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay 1994 [19] « Petite Église : deux siècles de dissidence religieuse » -Article de la Nouvelle République -Publié le 25/05/2018 [20] Baptiste Cesbron dans « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste 2019 : « En passant d’une commune dissidente presque « classique « en 1805, Courlay mérite le titre de « capitale » de la Petite Église en concentrant presque 35% de la population dissidente en 1865 » [21] Christelle et Frédéric Augris « Histoire d'une commune du bocage : Beaulieu-sous-Bressuire » -1999 -Familiaris (épuisé) [22] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »-1902- Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire/ Lire l’article « François Jottreau, un curé sous la Révolution » [23] Gilles François Le Mauviel était fils d’un Gilles meunier. A la mort de son père, son frère aîné devint son tuteur en 1783 (AD61 acte notariés Lonlay-l'Abbaye (Orne, France) 04/24/1784 - 09/29/1784 4E158/100) [24] Il prononça ses vœux à 23 ans en 1786 et devint religieux aux Cordeliers de Clisson jusqu’en 1790 -18 juin 1790 « statistique des franciscains dans la Loire-Inférieur à l’époque de la révolution » Revue de Bretagne et de Vendée, Volumes 5 à 6 1879. Il aurait été vicaire du Mouzillon selon un état du clergé constitutionnel cité dans « le diocèse de Nantes pendant la Révolution » -t 2 de Alfred Lallié -1893. [25]« Liste des prêtres du département des Deux-Sèvres qui méritent la confiance du gouvernent et jouissent de l’estime publique » du préfet Dupin adressée au ministre de l’Intérieur 19 fructidor an IX (5 septembre 1801) Archives nationales f19 866 [26] Auguste Billaud dans « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvre »- (1800-1830) »- Nouvelles éditons latines -1982 dira en conclusion : « la dissidence constitue en 1960 comme en 1830, un fait social et religieux qui marque le Bressuirais. Ce fait est-il au début du XIX inéluctable ? Non C’est un ensemble de conjonctures fâcheuse, de coïncidences fortuites, et non par l’évolution fatale d’un était d’esprit, qui a jeté tout un peuple dans le schisme » [27] Selon dossier SHD XU 33-13 aux Archives Nationales Soldat blessé à Beaupreau en 1794 était sous la division de d’Autichamp. Même si à plusieurs reprises, il est dit comme non dissident, il avait au moins envers eux de grandes sympathies. Son adjoint Besson par contre l’est. (« tableau de M de Vallée dressé le 21 octobre 1818 à l’usage du préfet montrant que la plupart des communes du bressuirais ont des maires et adjoints dissidents, sauf Beaulieu, Boismé et Pierrefitte où l’adjoint seul est dissident » Ad 79 25V1) Sa fille épousera en 1824 le fils de Jean Ménard ancien chef de division des armées Vendéenne [28] J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay. Pacreau était prêtre desservant de Courlay envoyé par e diocèse de Poitiers après le décès de Texier. [29] AD79-25V1 lettre de Le Mauviel à Redon du 30 janvier 1804 [30]Simon Camille Dufresse (1762 -1833) ancien comédien au théâtre Molière général de brigade ; il avait le commandement des Deux-Sèvres de 1799 à 1806 (vainqueur de la bataille des Aubiers) -Lieutenant-colonel Herlaut « Le Général baron Dufresse (1762-1833) » -Revue du Nord- tome 13 - n°51-août 1927 Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvre » - (1800-1830) » - Nouvelles éditons latines -1982 [32] À Niort, en date du 2 floréal an XII « les conseils municipaux de 66 communes de ce département ayant unanimement voté pour faire frapper une médaille en l’honneur du Premier Consul, le préfet a pris un arrêté qui approuve les susdites délibérations & ordonne qu’elles seront adressées au ministre de l’intérieur, pour être remise sous les yeux du Premier Consul » -Journal de Paris-Volume 8/ JO des Deux-Sèvres an 12 [33]Claude-François-Étienne Dupin (1767-1828), né à Metz fu le premier préfet des Deux-Sèvres, il épousera Louise Sébastienne Gély veuve de Danton. Il prôna une réconciliation tout en sachant être ferme. Il fut fait officier de la légion d’honneur et baron d’Empire. [34]Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830) » Nouvelles éditons latines 1982. Sources AN F19 5695 – lettre du Préfet Dupin à Portalis le 11 prairial an XII [35] Selon le dossier de demande de la veuve de Gabriel Besson, nous savons qu’il participa aux conflits de 1793 comme commissaire pour les vivres et fut détenu à Niort et serait « mort de fatigue de la guerre de 1815 » (Ad79 R 69-1) il décéda à Beaulieu le 3 novembre 1823 à 75 ans ! (AD 79 EC Beaulieu-sous Bressuire 4E29/7) [36] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830) » - Nouvelles éditons latines -1982 [37] AD79 4M13/1 [38] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » Paris Maison de la bonne presse, 1894 1894. Gallica. Notons que pourtant proche parent de dissidents, ce prêtre catholique fut fort peu amène vis-à-vis de la Petite Église. [39] Évêché de Poitiers - Dossier Beaulieu-sous-Bressuire [40] AD79 4m13/1 [41] Brunet desservant des Aubiers n’avait pas signé le serment, il avait failli se faire arrêter par les gendarmes et ne devait sa liberté qu’à ses paroissiens s’étant interposés. Il attendait désespérément des consignes de Mgr de Coucy tout en entretenant une correspondance avec Barral. [42] Victor Bindel « Histoire religieuse de la France au XIXe siècle Histoire religieuse de Napoléon ; l'église impériale » - 1940 lettre de Barral à Portalis de Poitiers datant du 28 août 1804- Archives Nationales- f19 5695 [43] Nouvel évêché oblige, ces prêtres étaient souvent originaires de la Vienne et avaient prêté serment à la Constitution civile de Clergé. L’a priori resta longtemps, car durant la seconde partie du XXe siècle certains anciens de Beaulieu disaient que les « gens de la Vienne étaient de peu de religion » [44] Auguste Billaud "La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830) » Nouvelles éditons latines 1982 : dans un état destiné au ministre de la Police du préfet Dupin, noté dans la classe des « fanatiques » prédicant forcené, ennemi déclaré de la conscription et du culte public, ayant une grande part aux outrages faits aux prêtres soumis. Ce prêtre abreuvé de dégoûts, a été forcé d'abandonner la commune, et à sa sortie, Gazeau a sonné les cloches en carillon pour témoigner la joie publique" AD79 4M13/1- Gazeau métayer de Beaulieu demande à se retirer à la Chapelle Gaudin [45] Concernant cette affaire de Courlay, voir entre autres Ernest d'Hauterive « La Police secrète du Premier Empire. Bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur » : « 530 – Deux-Sèvres. Jugement. Les complices de l’assassinat des deux gendarmes de Courlay, commis en janvier 1806 , ont été traduits à la cour spéciale des Deux-Sèvres annonçant que le jugement a été rendu le 18 de ce mois : René Marot et Galland, chefs de la bande, condamnés à mort ; J-B Marot, frère du précédent, Baudu, Gelot, Guichet, Boissonnot, à 8 ans de fers ; deux autres, Desbordes et Nairaud, acquittés et maintenus en arrestation pour autre affaire » [46] « D’un point de vue tant symbolique que réaliste, les membres de la Petite Église vivent dans un univers où les haies, les bosquets et les chemins encaissés servent de bornes. Les contacts entre les familles et les autres hameaux existent, mais ceux avec l’ensemble national sont infiniment plus réduits. Ceci renforce l’individualisme assez prononcé chez les dissidents. Les fermes isolées et les rapports épisodiques entre les habitants font que les préoccupations essentielles tournent autour de l’environnement proche et des événements agricoles » Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » -maitrise d’histoire contemporaine -université Tours- 1996-97 -Revue d’histoire du pays bressuirais n°48- 1998/199 [47] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire » 1-902 -Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. [48] Toutefois Baptiste Cesbron dans « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » La geste 2019 mentionne une lettre du 1 décembre 1826 du préfet des Deux-Sèvres adressée à l’évêque de Poitiers indiquant l’arrivée d’un prêtre « qui s’est donné pour espagnol, venant de Londres et appartenant à la communauté de Saint Laurent sur Sèvres, il fit halte chez mademoiselle de la Haye Montbault, (Arch du diocèse de Poitiers boite s8 1) Il aurait fait ensuite halte à Pierrefitte chez l’abbé Couillaud alors absent. [49]Ad 85 Mortagne-sur-Sèvre Registres paroissiaux1737-1759 2E151/1 [50] « Dictionnaire du clergé vendéen, XIIIe-milieu XXe siècle » consultable en ligne sur le site des Ad85 [51] Charles-Louis Chassin « la préparation à la guerre de Vendée » -P Dupont 1892- t 3- p 97- Prêtres déportés des Sables - Embarquement des 15 et 16 septembre 1792« Louis Esprit Guerry, ex vicaire de la Forêt sur Sèvres ». Dupont, 1892 [52] Ad 79 -27 f 13- fond sœur Marie-Pierre [53] Auguste Billaud "La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830) Nouvelles éditions latines 1982 [54] Une note dans Ernest d'Hauterive « La Police secrète du Premier Empire. Bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur » tII p 839 « Deux-Sèvres arrestation d’un prêtre dissident ; Guerry ancien desservant de Cerizay, ayant toujours exercé clandestinement ; le préfet demande qu’on l’éloigne – En 1806, on signala 5 ou 6 prêtres, dont Guerry, de l’arrondissement de Bressuire comme meurtre du gendarme de Courlay » la Police secrère Emoire d’Hauterive [55] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » Paris Maison de la bonne presse, 1894 1894. Gallica [56] Marquis de Moussac « L’abbé de Moussac, vicaire général de Poitiers (1753-1827) d'après des documents inédits... : un prêtre d'autrefois » -Perrin -1911 [57] AD79 25V1 [58] Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers : 1957-07 [59] Presque tous les paroissiens de l’abbé Guerin de Breuil-Chaussée l’ont abandonné à sa soumission [60] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »-1902 -Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. Certainement par les Albert. [61] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »-1902- Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. [62] Et non comme l’écrivait Maurice Poignant dans « le pays du bocage » -éditions Projets -1986 le concernant « il fut nommé à Bagneaux, puis à Beaulieu-sous-Bressuire où il prêcha avec succès la soumission. La plupart de ses paroissiens regagnèrent grâce à lui le giron de l’église catholique » [63] Archives des Deux-Sèvres, Police générale, n° 4814 cité par R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » -Paris- Maison de la bonne presse-1894 1894-. Gallica (lettre adressée au conseiller d’état et chargé de la Police générale M Pelet) [64] Ad85 cote 3j8 [65] Implantée à Beaulieu en leur château de la Dubrie depuis le XVIème siècle, [66] Baptiste Cesbron « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste -2019 [67] Guy Coutant de Saisseval « Une survivance de la guerre de Vendée « la Petite église du bocage » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay 1994 [68] Mgr Alexandre Lauzières de Thémines, évêque de Blois avant la Révolution [69] Auguste Billaud "La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830) » Nouvelles éditons latines 1982 [70] Il y exerça jusqu’en 1829 « Dictionnaire du clergé vendéen, XIIIe-milieu XXe siècle», il décéda à La Châtaigneraie le 17 décembre 1855 [71] Ad79 6v 2o État des desservants autorisés à un double service- Beaulieu : Le Mauviel François desservant de St Aubin du Plain - indemnisé de 200 francs par an – Autorisé depuis le 1er janvier 1816 [72] Notamment à Saint-André sur Sèvres où le desservant de Saint Mesmin n’osait s’attirer la foudre de Perrière Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830) » Nouvelles éditions latines 1982 [73] Ad 79 25V1 Note confidentielle du Vic. Gé (de Moussac) de la généralité de Poitiers au préfet des 2 Sèvres – extrait – Poitiers 8 juillet 1818 [74] Le 28 septembre 1818 sont élus au conseil de fabrique Gabriel Besson et François Enon - Archives de la cure de Beaulieu consultées en 1998. Gabriel Besson était dissident, [75] Ad 79 25V1 mais aussi Marquis de Moussac « L’abbé de Moussac, vicaire général de Poitiers (1753-1827) d'après des documents inédits... : un prêtre d'autrefois » Perrin 1911 [76] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830) » Nouvelles éditions latines- 1982 [77] Il décéda à Saint-Aubin du Plain le 21février 1825 (Ad 79 ec 1825 4e246/7) [78] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830) » - Nouvelles éditions latines -1982 [79] Son frère François René y habitait depuis son retour en France en 1800 [80] L’Église janséniste d’Utrecht séparée de Rome depuis le 18e siècle, époque où elle avait été le refuge des jansénistes exilés après la condamnation du jansénisme et de Port-Royal. Utrecht refusa le rapprochement, ne voulant pas pérenniser ce que la hiérarchie légitime française ne faisait pas. « Pérennité du mouvement anticoncordataire : deux siècles plus tard, les fidèles de la « Petite Église » persévèrent » – Entretien avec Bernard Callebat et Jean-Pierre Chantin- Religioscope -31 octobre 2003. / Selon Julien Rousselot « la Petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » -maitrise d’histoire contemporaine -université Tours- 1996-97 –Revue d’histoire du pays bressuirais n°48 1998 199 : « (...)Et elle (La Petite Église) ne fait jamais appel aux prêtres ordonnés par la Petite Église d’Utrecht, car l’évêque est de tendance janséniste » [81] J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit copie -presbytère Courlay [82]Il y est baptisé le 19 mars 1748, fils légitime de Louis Vigneron et de Françoise Magnan, (P Louis Rigaudeau (s). M Marie Vigneron) [83] Présent lors de l’inhumation du 19 septembre 1783 de Delaveau vicaire de Saint André de la Marche : « j : vigneron vic. De Montigné »(lequel ?) Ad49 (bms 1783). Ses premiers actes semblent dater de décembre 1791, un autre en avril 1792, le prêtre desservant étant Durand « le nouveau vicaire, Jacques Vigneron, que Urbain Favreau remplaçait à Bégrolle, connaissait Saint-André pour y avoir assisté en 1783 aux obsèques de M Delavau. Quelque peu âpre au gain, il fut ravi de prendre possession d’un bénéfice assez bien renté. Le poste d’autres part flattait sa vanité. Car par Lettres patentes de Louis XVI, du 4 mars 1792, Saint-André-de-la-Marche était promu chef-lieu d’un canton qui englobait Saint-Macaire et La Séguinière » dans Louis Tricoire « Saint-André-de-la-Marche : cinq siècles de vie paroissiale » impr. Farré et fils, 1971. Au début de mai 1791, René - François Durand et Jacques Vigneron fournirent au département, selon l ' ordre qu ' il en avait reçu, l ' état de leurs revenus respectifs . Précieux document qui éclaire le Livre des recettes de Delavau. La cure de Saint - André rapporte par an, charges déduites, 1.122 livres, 14 sols et 6 deniers ; le vicariat 218 livres, 15 sols é et 9 deniers. Vigneron suppliait humblement (c’était le 6mai 1791) l’Administration de lui payer son traitement pour 1790. De cette année-là, il n’avait touché, parait-il que les 54 livres du Chiron, bénéfice qu’il détenait de la Renaudière. [84] L’abbé A. Baraud « Le clergé vendéen, victime de la Révolution française : notices biographiques des prêtres qui ont survécu 1790-1850 » 1 janvier 1905 Volume 2 « Pendant la Révolution, à partir de 1795, la paroisse des Landes fut desservie par un prêtre courageux, M.Vigneron. M.Champeau, qui devait lui succéder (…) était nommé curé des Landes en 1804 » [85] A85 Papiers Merlet (1761-1838) Copie de lettres de Vigneron (dossier Vigneron -Voyneau AD85 2 num 110 /32- 15 [86] A85 Papiers Merlet (1761-1838) Copie de lettres de Vigneron (dossier Vigneron -Voyneau AD85 2 num 110 /32- 15 [87]Ad 85 Papiers Merlet (1761-1838) Correspondance avec les ecclésiastiques -Laurent-Gabriel Paillou 2 Num 110/32-5 [88] Ad85 Papiers Merlet (1761-1838)2 Num 110/32-4 [89] « Dictionnaire du clergé vendéen, XIIIe-milieu XXe siècle » « notice biographique sur Vigneron, Jacques Jean (1748-1820) » rédigée par : J. Artarit, J. Rivière consultable sur le site de Ad85 [90] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres » (1800-1830) -Nouvelles éditions latines -1982 [91] « Dictionnaire du clergé vendéen, XIIIe-milieu XXe siècle » « notice biographique sur Vigneron, Jacques Jean (1748-1820) » rédigée par : J. Artarit, J. Rivière consultable sur le site de Ad85 [92] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » -Paris -Maison de la bonne presse - 1894 1894- Gallica : « Ce Vigneron était un prêtre dissident, étranger au pays. En 1816, il se fixa au Pin, près de Cerizav, paroisse vacante depuis la mort de M. Ballard, mort en prison. Il était presque toujours ivre, et les Dissidents eux-mêmes le chassèrent du Pin après l'avoir souffert onze mois parmi eux. C’est alors qu'il vint à Beaulieu, où il mourut vers 1820, au village de la Garrelière. (Notice manuscrite sur la paroisse tm 1 Fin.) » [93] AD79 25V1 une note du 21 octobre 1818 indique qu’un dissident s’est emparé de l’église et du presbytère de Beaulieu. Aucun nom n’est donné. [94] Gabriel Besson et François Enon élus le 28 septembre 1818 selon les archives de la cure consultées en 1998 [95] Archives nationales f19 5600 Lettre du 30 mars 1819 de Pastureau à Mgr Soyer lettre citée dans Billaud [96] Archives nationales Lettre de Soyer à Decazes du 4 avril 1819 ibib. [97] Ibid. N’ayant pas eu en main le document, doute concernant les signatures, aucunes traces de ces patronymes à cette période. Est-ce que Renault est Arnault ? et Roffart un Geffart ? Des noms du conseil de fabrique ne fut trouvés pour cette période que Pierre Brémaud., Jean Olivier élus en 1810 et Gabriel Besson et François Enon élus le 28 septembre 1818 [98] Lettre de Decazes à Pastureau ibid. [99] AD79 25V1 [100] La majorité des paroissiens le suivirent notamment parce que la marquise de La Rochejaquelein et son jeune fils le soutinrent. L’énorme respect, voir la dévotion que provoquait ce nom dans la paroisse fut nécessaire, en plus de l’estime que les paroissiens éprouvaient pour leur desservant. [101] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » Paris Maison de la bonne presse-1894 1894- Gallica [102] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » Paris -Maison de la bonne presse- 1894 1894- Gallica [103] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »1902 Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. [104] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »1902 Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. [105] [105] Guy Coutant de Saisseval avait émis cette hypothèse dans « Une survivance de la guerre de Vendée « la Petite église du bocage » éditions Jadault- La Plainelière- Courlay 1994 [106] Ad 79 ec Beaulieu sous Bressuire 4 E 29/7 [107] Ad 86 registres de catholicité de Beaulieu (se trouvent des enfants de Saint-Porchaire, Brétignolles, Breuil-Chaussée, Voultegon) [108] Après les épisodes malheureux des abbés Maisonneuve et Bernier cf Baptiste Cesbron « la Petite Eglise- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste -2019 [109] « Pérennité du mouvement anticoncordataire : deux siècles plus tard, les fidèles de la « Petite Eglise » persévèrent »– Entretien avec Bernard Callebat et Jean-Pierre Chantin » [110] Un des plus populaires prêtres dissidents de la région installé aux Aubiers [111] Il était fils de René et Françoise de Forestier de Lessert, et avait épousé une Texier nièce des combattants vendéns [112] « Une lettre du pape et une conversion en pays dissident » Vendée typographie ouest cie 1891 cité dans revue d’his [113] Julien Rousselot dans « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine université Tours- 1996-97- Revue d’histoire du pays bressuirais n°48- 1998 199 parle de tendance idéologique orthodoxe celle de l’abbé Texier et sa famille ensuite considérant avec mépris les prêtres venus d’ailleurs et les « relâchés » suivant les prêtres Lethellier, Ozouf. Un troisième groupe existerait les « rigoristes » représenté surtout à Breuil-Chaussé autour de leur prête Beaunier. Ce dernier groupe considère le pape comme hérétique, alors que les deux autres groupes lui sont encore fidèles. [114] Voir Baptiste Cesbron « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste -2019 [115] J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay [116] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830 ») -Nouvelles éditions latines -1982 [117] Constat pour 1830 « Mais Beaulieu et Clazay sont toujours en grande majorité dissente » Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » -maitrise d’histoire contemporaine université- Tours 1996-97- Revue d’histoire du pays bressuirais-n°48 -1998 -1999. [118] L’abbé Pacreau disait de lui « monsieur Letellier qui était natif des environs de Paris après avoir fait les services militaires était entré au séminaire et avait été ordonné prêtre à Paris vers 1825, sa conduite et surtout son ivrognerie ne tarda pas à lui attirer les ( ?) de l’archevêque à la suite de cette fausse situation, il eut connaissance à Paris de la dissidence. Il fut indiqué à Mademoiselle de la Haye qui le fit aussitôt venir et après l’avoir fait munir de prétendus pouvoir après de Monsieur de Mérinville et De Broglie, il vint chez elle en 1832. » [119] AD 85 SHD XU 39-31 - Extrait de l'État nominatif d'anciens combattants résidant dans la Manche et le Calvados, en date du 5 février 1815 [120] Liste sur « Le clergé originaire du diocèse de Meaux pendant l’épiscopat de de M. de Cosnac1819 1830 »- Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins (1912)- Gallica [121] « Journal des presbytères et des fabriques » Volume 2 /Il a toujours été dit que Mgr Thémines n’avait jamais ordonné de prêtres. Il est vrai qu’il n’avait pas ordonné des novices du Lyonnais car pour lui ils étaient dissidents d’orientation jansénistes et convulsionnaires. Voir « Pérennité du mouvement anticoncordataire : deux siècles plus tard, les fidèles de la « Petite Église » persévèrent» – Entretien avec Bernard Callebat et Jean-Pierre Chantin »/ selon J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay il : « aurait reçu de prétendus pouvoirs auprès de Monsieur Le Maranville et de Broglie ». [122] Liste sur « Le clergé originaire du diocèse de Meaux pendant l’épiscopat de M. de Cosnac 1819 1830 » Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins -(1912) -Gallica [123] « Journal des presbytères et des fabriques » - Volume 2 [124] En référence Archives nationales n f7 9767 lettre du 16 janvier 1830 Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830 ») -Nouvelles éditions latines -1982 [125] Ad79 3U1 [126] « Journal des presbytères et des fabriques » - Volume 2 - 1830 [127] « Journal des presbytères et des fabriques » - Volume 2 - 1830 [128]AD79 – 3U1 [129]« Gazette des Tribunaux, journal de jurisprudence et des débats judiciaires » 20 août 1830 n°1562 [130] La Fête-Dieu, ayant lieu 60 jours après Pâques, est une fête religieuse importante et chômée pour les dissidents. En 1830 ce fut le jeudi 10 juin. [131] De petite taille pouvant accueillir cinquante personnes, comme la grande majorité, elle est discrète dans le but de passer presque inaperçue [132] J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay [133] Jean Guiot né à Courlay le 24 juin 1790, soldat napoléonien, déserteur ancien domestique des La Rochejacquelein porte les armes en 1815 contre Napoléon, comme lieutenant de cavalerie devint gendarme à cheval des Deux-Sèvres, récompensé par une Légion d’honneur ? Cabaretier à Boismé, recruta facilement une bande en 1832, et malgré quelques victoires la guerre n’eut pas lieu, même si après l’arrestation de la duchesse de Berry les accrochages durèrent un temps [134] Selon le témoignage d’un dénommé Vergnaux habitant le coût commun de Breuil-chaussée, et adjoint au maire de la commune ayant eu une perquisition en règle de son habitation, comme toute celle du hameau perquisition faite par un détachement du 1er léger de 20homme commandée par un sous-lieutenant et cantonné à Beaulieu. « Gazette de France » du 17 juillet 1831 reprenant un article de la gazette d’Anjou [135] Jean Robert Colle «la chouannerie de 1832 dans les Deux-Sèvres» éditions Lezay 1948 [136] « La quotidienne » du 10 juillet 1831 repris dans « Gazette de France » en juin 1843. Vergnaux adjoint au maire de Breuil-Chaussée démissionna et sa lettre de protestation parue dans la presse [137] Le 28 novembre 1830 L’adjoint au maire de Beaulieu, Louis Talbot accompagna les gendarmes d’Argenton et de Cerizay au château de la Dubrie dans l’espoir d’y trouver des armes. Ad 79 4M6/7 [138] Jean Robert Colle « la chouannerie de 1832 dans les Deux-Sèvres »- éditions Lezay -1948 [139] Auguste Billaud « La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" (1800-1830 ) » Nouvelles éditions latines» 1982 [140] Maurice Poignat « histoire des communes des Deux-Sèvres, le pays de Bocage »- Edition projet- 1986 [141] Lettre de Mr de Guiters capitaine de gendarmerie au préfet des Deux-Sèvres datant du 10 janvier 1834 AD 85 4M6/11 [142] Selon Jean Robert Colle « la chouannerie de 1832 dans les Deux-Sèvres » éditions Lezay- 1948, elle se nommait Urbaine Davaud de parents libéraux et aurait été violée par les trois chouans [143] Lettre du conseiller d’arrondissement Leclerc de Bressuire au préfet Ad85 4M6/11 [144] Lettre du sous-préfet de Bressuire au préfet du 23 janvier 1834 « ils (les chouans) sont encore revenus ces jours-ci à Beaulieu où ils ont passé la nuit » Ad85 4M6/11 [145] Ad 79 EC Beaulieu-sous-Bressuire (Deux-Sèvres, France) Décès 1803-1835 4 E 29/7 [146] Baptiste Cesbron « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste -2019 [147] Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine université -Tours 1996-97 -Revue d’histoire du pays bressuirais- n°48 1998 -1999. Notons toutefois que c’est le canton de Cerizay qui est devenu le cœur de la dissidence. [148] Baptiste Cesbron « la Petite Église- à la recherche de prêtres (1826-1853) » -La geste -2019 [149] Registres de la fabrique consultés en 1998 à la cure de Beaulieu [150] « Le constitutionnel » du 10 octobre 1843 lors d’un article récapitulatif sur les troubles du Bressuirais de 1832-34 publia un avis du maréchal de camp Mocquery commandant la subdivisons de Bressuire « Des chouans se montrent de nouveau en bandes armées ; les ennemis occultes de la dynastie de juillet exagèrent à dessein leur nombre et profitent de leur apparition pour jeter du désordre et de l’inquiétude ans la population/ Une vingtaine de ces brigands ont été vus ces jours derniers dans l’arrondissement de Bressuire, sur les commune du Pin, Bretignoles (sic) Gouray (sic) et Boismé ( ?...) [151] J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay : « (…) quitta Nantes vint d’abord à Beaulieu chez la Demoiselle de la Haye cela se passait en 1834. L’année suivante il se transporta aux Aubiers avec toute sa suite, il y fut bien reçu et y fixa avec plaisir son domicile. De là il visita les chapelles de Beaulieu, de Cirières, de Montigny, de Courlay et de Saint André [152] Arch. Dép. Vienne : 20 J 497. Réhabilitations de mariages dissidents [153] « Dès 1820, le pape Pie VII, autorisait cette pratique même s’il n’y avait pas un double consentement, si seulement l’un des deux membres du couple acceptait de rentrer dans le giron la Grande Église » dans « Les réhabilitations de mariages dissidents dans le nord des Deux-Sèvres de 1830 à 1860 » de Pascal Hérault http://shsds.deux-sevres.fr/etude_congres_2015_mariage.pdf [154] « Les Aubiers ne regroupent plus que 331 dissidents sur une population de 2 121 habitants (15,6 %)32 alors que la paroisse en comptabilisait 1 200 sur un total de 1 617 (74,2 %) au début du siècle. Et le curé Pacreau en compte seulement 100 sur un ensemble de 2 522 habitants (3,9 %) en 1865 » [155] « La petite commune de Beaulieu située à cinq kilomètres de Bressuire (Deux-Sèvres) se compose de 450 habitans dont un tiers n’est pas catholique » cité dans une « supplique de Guerry curé de Beaulieu à S. M L’impératrice pour obtenir un secours pour la reconstruction du clocher de l’église » datée du 26 septembre 1866 – Ad79 cote 2O 384 Église (1866-1895) [156] Chanoine Naz. T « Dictionnaire de droit canonique » T. VI col. 1438-1447 « Les autres, et de nombreux prêtres réfractaires en France, considérèrent Mgr de Thémines comme leur chef religieux et lui attribuèrent une juridiction pour l'Église universelle, en vertu des pouvoirs extraordinaires accordés par Pie VI aux évêques français lors de la Révolution et, selon eux, jamais retirés. La Petite Église de Lyon espéra présenter des séminaristes à Mgr de Thémines pour être ordonnés; mais le prélat s'informa en 1821-1822 de la position de cette Église en matière janséniste et rompit tout rapport avec elle » [157] Pour Mgr Pie l’évêque de Poitiers « cette papauté laïque et féminine » était choquante cité par Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine -université -Tour 1996-97 Revue d’histoire du pays bressuirais n°48 -1998 199 [158] Il y avait des écoles tenues par des sœurs, à Courlay, Cirières et Breuil-Chaussée et Beaulieu, elles avaient rarement leur brevet de capacité et contrevenaient donc à la loi Guizot de 1833, mais ne furent pas inquiétées par la Monarchie de Juillet [159] Julien Rousselot « la petite Église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine- université Tours- 1996-97 Revue d’histoire du pays bressuirais n°48- 1998 199 [160] Testament de Mlle la Haye-Montbault « Je soussignée Catherine Thérèse Victoire de La Haye Montbault, propriétaire, demeurant au logis de la Prévoté à Beaulieu, canton de Bressuire, donne et lègue avec droit d'accroissement entre eux à Joseph Timothée Jottreau et Timothée Clément Aristide Jottreau, frères germains, mes filleuls, enfants de Joseph Jottreau et de Marie Perrine Bouet, demeurant actuellement la dite Prévoté, la métairie de la Chaônnière, et tout ce qui en dépend, sans aucune réserves, située communes de Beaulieu et de Bretignolles, plus la maison que j'ai fait construire pour les bonnes sœurs au dit lieu de la Châonnière avec le jardin en dépendant (…) » Testament en date du 5 juin 1844 devant Héry notaire à Bressuire Ad79 1R1 [161] Monographie scolaire : « notice sur l’histoire de l’enseignement primaire de la commune dressée par Mr Vergnau Instituteur » 1902 Ad 79 4 BIB 96-1 : « vers 1830, une Demoiselle Catherine de la Haye-Montbault, personne très charitable, très libérale malgré son origine aristocratique appartenant à la secte religieuse des Dissidents s’émut de l’ignorance profonde dans laquelle grandissait les enfants de cette époque, et résolut de leur procurer les moyens de s’instruire. Dans ce noble but, elle fit bâtir une maison dans sa ferme de la Châonnière (hameau de la commune de Beaulieu) et y établit pour l’instruction des enfants des deux sexes, deux institutrices congréganistes dissidentes comme elle. Après avoir enseigné quelques années ces sœurs quittèrent la commune, on ne sait pour quel motif » [162] Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine université Tours- 1996-97- Revue d’histoire du pays bressuirais n°48- 1998 199 [163] Jean Baptiste Maingret était né à Beaulieu le 8 avril 1808 de Jacques, métayer et de Rozalie Bonnin (ad79Ec Beaulieu-sous-Bressuire 4 E 29/1) [164] Monographie scolaire : « notice sur l’histoire de l’enseignement primaire de la commune dressée par Mr Vergnau Instituteur » 1902 Ad 79 4 BIB 96-1 [165] Testament en date du 5 juin 1844 devant Héry notaire à Bressuire Ad79 1R1 [166] Ad79 2O 282 [167] Ils sont directement concernés par le décret du 25 mars 1852 qui interdit toute réunion ayant pour objet la politique, ou la religion en cas de culte non autorisé [168] AD797M5 [169] AD79 2O 282 [170] ibid [171] Abbé Bénétrault « Abrégé historique de la paroisse de Beaulieu-sous-Bressuire »1902 Évêché de Poitiers – Dossier Beaulieu-sous-Bressuire. [172] Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » -maitrise d’histoire contemporaine -université Tours 1996-97 -Revue d’histoire du pays bressuirais n°48- 1998 1999 [173]Abbé J. Pacreau « Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers, » manuscrit -copie presbytère Courlay [174] Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » maitrise d’histoire contemporaine université Tour 1996-97 -Revue d’histoire du pays- bressuirais n°48 -1998 199 [175] Recensement de Beaulieu en 1866, il est noté « instituteur privé » habitant le Verger avec ses sœurs Roze et Victoire où son frère François y est agriculteur. [176] Aujourd’hui Saint-Martin des tilleuls https://www.st-martin-des-tilleuls.fr/historique/ [177] Avec qui elle avait des liens cf. abbé Pacreau [178] Elle aurait été péjorativement surnommée par ses adversaires « la papesse de saint Martin » la Croix de 1907Gallica [179] Ad85 registres Saint-Martin-des-Tilleuls État-civil Décès 1884-1904 AC247 [180] Article « un schisme qui s’éteint » dans le journal La Croix du 20 avril 1907 Gallica [181] AD 85num 503 84 Saint-Martin-Lars -en Tiffauges (Chronique paroissiale tome 4 n+9-13 1899 Les héritiers de la demoiselle deux neveux avaient fait appel sans succès concernant son testament) [182] R. P. Jean-Emmanuel B. Drochon « La Petite Église : essai historique sur le schisme anticoncordataire, avec carte et portraits » Paris Maison de la bonne presse-1894 1894. Gallica aurait été tisserand à Mortagne puis devenu chef de file des dissidents de Cirières./Dans de Clercq Charles. « Le retour à l'unité de dissidents lyonnais et vendéens en 1893-1896 ». In: Revue des Sciences Religieuses, tome 32, fascicule 1, 1958. pp. 38-52. Lors d’une tentative de rapprochement, entre Rome et les dissidents lyonnais et « vendéens » fut un des interlocuteurs avec un dénommé Bertaud( qui entrera à la suite de cela dans la Grande Église). Une délégation lyonnaise logea chez Jottreau en novembre 1893 [183] Testament en date du 5 juin 1844 devant Héry notaire à Bressuire Ad79 1R1 [184] Si on se réfère à de Clercq Charles « Le retour à l'unité de dissidents lyonnais et vendéens en 1893-1896 ». In: Revue des Sciences Religieuses, tome 32, fascicule 1, 1958. pp. 38-52. [185] Article « un schisme qui s’éteint » dans le journal La Croix du 20 avril 1907 Gallica [186] Clercq Charles. « Le retour à l'unité de dissidents lyonnais et vendéens en 1893-1896 [187] Ad 79 25 V1 lettre du 18 janvier 1854 du cabinet du sous-préfet de Bressuire au préfet indiquant que le propriétaire de la chapelle dissidente de Beaulieu M Gotros (pour Jottreau) [188] Archives de la cure de Beaulieu [189] Ad79 2o282 [190] En 1903 l’école pour filles fut fermée et une autre école religieuse fut décidée d’être construite le 29 mars 1905 [191] Julien Rousselot « la petite église des Deux Sèvres, permanences et mutations » -maitrise d’histoire contemporaine université -Tours 1996-97- Revue d’histoire du pays bressuirais n°48 -1998/199 : « Il serait intéressant de chercher à savoir si ces persécutions durant les années 1850 sont à l’origine de l’extraordinaire soutien dont feront preuve les dissidents envers la IIIeme République. Les enfants dissidents furent en effet souvent les premiers élèves des écoles laïques du bocage, et ce thème est toujours fermement défendu par la communauté à notre époque » [192] « Pérennité du mouvement anticoncordataire : deux siècles plus tard, les fidèles de la « Petite Église persévèrent » Entretien avec Bernard Callebat et Jean-Pierre Chantin [193] Conférence De Guy Talbot à La société d’histoire, d’archéologie et des arts du Pays thouarsais (Shaapt) concernant la Petite Eglise, La NR du 25 mai 2018 indique qu’aujourd’hui devant la baisse des effectifs, Guy Talbot estime qu’inéluctablement, « le mot FIN arrive dans les prochaines années. Il est important que la Petite Église puisse s’éteindre en paix ». [194] Jean Rouziès « Courlay (79) – Les Texier et la Petite Eglise raconté par l’abbé Bertaud » extrait : L'Anjou trimestrielle - Été 1993 disponible sur le site la Maraîchine Normande [195] « Petite Église : deux siècles de dissidence religieuse » Article de la Nouvelle République Publié le 25/05/2018
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